Team Yamaha
La jeunesse pour porter l’usine
Si Yamaha aligne cette saison les quatre mêmes pilotes que l’an passé, Fabio Quartararo (photo) et Valentino Rossi échangent leur place, le Français rejoignant le team officiel. Tournée vers l’avenir, l’équipe de la marque aux trois diapasons veut se donner un nouvel élan.
Entre 2004 et 2015, Valentino Rossi et Jorge Lorenzo ont offert à Yamaha sept titres de champion du monde. Le rendement du constructeur japonais a sérieusement marqué le pas depuis le dernier sacre de l’Espagnol. Cinq saisons sans couronne, cela n’était plus arrivé pour eux depuis le recrutement du Docteur il y a seize ans. Curieusement, depuis le retour de Michelin en MotoGP, la marque aux trois diapasons ne parvient plus à triompher. La M1 gagne mais manque trop de régularité pour voir l’un des siens s’imposer en fin d’année. Certes, l’arrivée de Marc Marquez a fait du mal à ses pilotes, mais la domination de ce dernier n’explique pas tout. La preuve, l’équipe de Lin Jarvis n’a pas su profiter de l’absence de Marquez en 2020. Pourtant, avec 7 victoires en 14 courses, la M1 est celle qui a glané le plus de succès. Mais en se partageant les victoires, Quartararo, Morbidelli et Viñales n’ont pas réussi à capitaliser. Et au final, c’est l’Italien qui, au guidon de l’ex- moto du Français, a le mieux tiré les marrons du feu pour décrocher une place de vice- champion du monde. Loin d’incriminer leurs pilotes, Lin Jarvis et Takahiro Sumi ont récemment plaidé coupables en estimant qu’ils ne leur avaient pas fourni la moto qu’ils méritaient. Il est vrai que les problèmes de soupapes et les casses moteur du début de saison ont nécessité des modifications qui ont sérieusement altéré par la suite le rendement d’une moto qui, aux mains de Quartararo, avait tout de même gagné les deux premières courses à Jerez. Néanmoins, comme c’est le cas depuis des années, la M1 s’est aussi retrouvée en grande difficulté sur les circuits manquant de grip. « Cela fait trop longtemps que nous tournons en rond, soulignait récemment Viñales. Quand on roule à Sepang et au Qatar, la moto est toujours super, on n’a pas besoin de toucher au moindre réglage. Et puis quand on va sur des tracés où le revêtement est dégradé, on est perdus. Il faut revoir nos méthodes de travail et de développement. »
Pour cela, le service course Yamaha s’est offert les services de Cal Crutchlow. Jeune retraité, le Britannique a désormais la charge de valider les évolutions de la M1. Malheureusement, pour cause de Covid- 19, l’ex- pilote du team LCR n’a pas roulé de l’hiver. Alors que Pirro pour Ducati et Bradl pour Honda ont avalé les kilomètres à Jerez, Crutchlow est resté au chaud à la maison. Les Japonais restent toutefois confiants. Ayant résolu leurs problèmes de fiabilité moteur et, semble- t- il, identifié leurs soucis de partie- cycle, les ingénieurs Yamaha sont persuadés que leur M1 va retrouver la régularité qui lui a fait défaut ces derniers temps. Conscient que Valentino Rossi arrivait en fin de carrière, Lin Jarvis a par ailleurs réussi à pousser le nonuple champion du monde vers l’équipe Petronas pour offrir à Fabio Quartararo une place dans le team officiel aux côtés de Maverick Viñales. Avec sa nouvelle paire de jeunes pilotes ambitieux, le patron de Yamaha Motor Racing espère donner un nouvel élan à son équipe. Bien que déclassé, Valentino Rossi continuera tout de même à bénéficier d’une M1 d’usine, alors que Franco Morbidelli devra, cette année encore, se contenter de la machine qui était la sienne l’an dernier. Au vu des résultats qu’il a enregistrés en 2020, il n’est pas dit que ce ne soit pas, pour lui, un mal pour un bien.