Quid de la saison 2021 ?
Les enjeux d’une saison encore sous Covid- 19
Si le contexte sanitaire planétaire demeure compliqué pour l’ensemble des compétitions sportives internationales, les protagonistes du championnat MotoGP espèrent tout de même vivre une saison 2021 moins chaotique que la précédente. Une chose sûre, la course au titre sera tout aussi ouverte que l’an dernier.
Après un championnat 2020 totalement inédit et bouleversé – première épreuve fin juillet, quatorze courses en dixneuf semaines sur seulement neuf circuits –, la saison qui démarre au Qatar le week- end du 28 mars devrait retrouver une certaine forme de normalité. L’emploi du conditionnel est bien évidemment de mise tant l’évolution de la situation sanitaire mondiale liée à la pandémie de Covid- 19 demeure imprévisible. Néanmoins, fort de l’expérience acquise l’an dernier, Carmelo Ezpeleta est parvenu à bâtir un calendrier nettement plus cohérent. Mais surtout, le patron de Dorna Sports a obtenu des garanties des différents promoteurs nationaux afin que les Grands Prix se tiennent avec ou sans public. Huis clos ou pas, à moins d’une catastrophe sanitaire, les courses devraient donc avoir lieu, et pas seulement sur une dizaine de circuits. « Nous avons démontré l’an dernier que nous étions en mesure de mettre en place un protocole suffisamment sûr pour que les Grands Prix se déroulent normalement, insiste Ezpeleta. Ce travail nous a permis d’obtenir les autorisations nécessaires de la part des autorités de chaque pays pour établir un calendrier proche de celui que nous connaissions jusque- là. » Si l’Argentine et le Texas, qui étaient prévus en avril, ont d’ores et déjà été reportés et seront très certainement annulés, le promoteur du championnat croise les doigts pour que la tournée outre- mer du mois d’octobre puisse se dérouler normalement. Quant aux conditions de travail dans le paddock, toujours aussi strictes – contrôles PCR réguliers, port du masque, gestes barrières, pas d’hospitalities, ni invités, ni journalistes –, elles ont désormais été intégrées et ne devraient plus autant perturber le travail des équipes.
REVERRA-T-ON MARQUEZ ?
Chamboulée par l’épidémie de Covid- 19 donc, la saison 2020 a également été perturbée par l’absence de Marc Marquez. Blessé dès la première course à Jerez, le sextuple champion du monde MotoGP n’a jamais pu reprendre un départ. Privé de son favori, la compétition a alors tourné à une belle foire d’empoigne entre des challengers qui ont tous fonctionné en mode alternatif. La question est désormais de savoir à quel moment le prodige de Cervera pourra retrouver le chemin des Grands Prix. En voulant reprendre trop rapidement le guidon de sa Honda, Marquez a en effet compromis sa guérison, et par la même occasion la suite de sa carrière. Réopéré, greffé, il a également été victime d’une infection qui a encore ralenti sa convalescence. S’il semble acquis que Stefan Bradl le remplace au Qatar et très certainement au Portugal, l’Espagnol misant sur un retour à la compétition en mai, des doutes subsistent sur son rétablissement. Marquez a beau être un phénomène, il a touché l’an dernier les limites de son fonctionnement border line. À se croire invincible, il a gâché sa saison et il reste désormais à savoir quelles traces, physiques et psychologiques, tout cela va laisser sur un garçon qui vient de fêter son vingt- huitième anniversaire.
Va- t- il vouloir humilier tout le monde dès son retour aux affaires ou prendrat- il le temps de se reconstruire après cette très longue absence ? Affaire à suivre...
Même si elle a un temps été déboussolée par l’absence de l’ogre Marquez, la jeune garde qui a pris l’an dernier le pouvoir a engrangé une précieuse expérience qui, plus que jamais, fait d’elle un sérieux concurrent à celui qui dominait le championnat MotoGP depuis son arrivée en 2013. En tout premier lieu, Joan Mir aura à coeur de démontrer que son titre n’est pas qu’un simple accident de parcours, et que même s’il n’a remporté qu’une seule victoire la saison passée,
Suzuki et lui ont désormais les épaules suffisamment larges pour s’installer dans la durée. D’autant que, troisième du classement général, Alex Rins sera le premier à contester son autorité. En installant ses deux pilotes sur le podium final, le constructeur japonais a confirmé sa progression mais aussi prouvé qu’il avait été le plus habile à exploiter les qualités du pneu arrière introduit par Michelin en 2020. Cette nouvelle enveloppe a considérablement rebattu les cartes.
Ainsi, alors qu’on pensait que Dovizioso profiterait de l’absence de Marquez pour décrocher ce titre que l’Italien caressait du bout des doigts depuis trois ans, Ducati s’est retrouvé en difficulté pour en tirer la quintessence. Handicapés par ailleurs par des problèmes de fiabilité moteur, les pilotes Yamaha ont, eux aussi, eu du mal à se montrer réguliers avec le nouveau Michelin. Avec une année d’expérience et un retour à un calendrier plus équilibré, on peut imaginer que ceux qui ont souffert corrigent aujourd’hui le tir, même si le manque de tests hivernaux n’a pas fait leurs affaires. Bref, si Marquez tarde à revenir et laisse du champ à ses adversaires, on devrait avoir, cette année encore, un championnat extrêmement ouvert.