ITW François Ribeiro
Arrivés en 2015 à la tête du championnat du monde d’endurance, Eurosport Events et son patron, François Ribeiro, commencent à voir leurs efforts payer dans un championnat qui prend de l’ampleur chaque année.
Le promoteur de l’EWC fait le point
Si la saison 2019-2020 a été intéressante sportivement, elle n’a pas dû être simple à construire entre reports de dates et annulations. Avez-vous craint de ne pas pouvoir décerner le titre de champion du monde ?
En effet, tous les promoteurs FIM ont souffert en 2020, passé des nuits agitées et navigué à vue dans une situation totalement inédite pour protéger leur championnat respectif. Cela dit, je n’ai jamais eu le sentiment l’année dernière de ne pas être capable, avec la
FIM, de décerner le titre de champion du monde. Notre équipe s’est serré les coudes, a accompagné financièrement les organisateurs de courses pour les aider dans la difficulté du huis clos, soutenu les teams du mieux qu’on pouvait, et nous avons redoublé d’efforts en TV et digital pour compenser l’absence du public.
La saison d’EWC endurance 2021 se déroule sur une année calendaire, contrairement aux quatre dernières éditions qui étaient à cheval sur deux années. Est-ce une volonté ou une obligation liée aux difficultés induites par la pandémie ?
La pandémie nous a dicté de finir en automne 2021 avec les 12 Heures d’Estoril en l’absence des 8 Heures de Suzuka et du Bol d’Or.
Après une seule édition, perturbée par la pluie, les 8 Heures de Sepang ne figurent plus au calendrier et l’on se retrouve de nouveau avec quatre courses en Europe, et une seule au Japon... Pourquoi la discipline peine-t-elle à s’imposer sur d’autres continents ?
La Malaisie est fermée depuis mars 2020 aux non- résidents.
Il n’y a aucun grand événement international depuis les
8 Heures de Sepang en décembre 2019, ni test Dorna 2021 pour cette avant- saison. Le circuit appartient à l’État malaisien, l’activité du ministère du Tourisme et des Sports qui soutient les grandes courses de Sepang est pratiquement à l’arrêt depuis 12 mois. Il n’y a pas grand- chose d’envergure que l’on puisse faire avec Sepang dans ce contexte. Créer une nouvelle course EWC en ce moment hors Europe serait tout bonnement inapproprié tant que le public ne pourra pas revenir sur les circuits.
Une finale à Estoril aura-t-elle le même impact sur les constructeurs japonais que lorsqu’elle se déroulait à Suzuka ?
Clairement, non. Les 8 Heures de Suzuka sont uniques et contemplent plus de 40 ans d’histoire. Cela étant, lorsqu’il a fallu pallier l’absence des 8 Heures de Suzuka et du Bol d’Or qui n’ont pas souhaité organiser leur course à huis clos comme les 24 Heures du Mans, tout le monde était soulagé de pouvoir finir la saison à Estoril sur un superbe tracé, très bien organisé et chaleureusement accueilli par le circuit. Le feed- back des teams sur les 12 Heures d’Estoril a été très positif, et personne ne conteste leur présence en 2021.
Vous vous félicitez des audiences réalisées par les chaînes qui diffusent l’EWC. Est-ce la raison principale de la présence officielle de la majorité des constructeurs ?
J’imagine que c’est attractif pour les constructeurs comme pour les teams privés, mais ce n’est pas la seule raison. Le championnat offre surtout de belles courses, très disputées, et permet de mettre en avant les motos proches de la série dans un environnement très compétitif. Il faut être rapide, fiable et intelligent pour gagner en EWC, et c’est ce challenge qui séduit équipes et constructeurs. Le championnat se développe, les 24 Heures de Spa arriveront en 2022, ça fait de belles perspectives pour poursuivre notre croissance malgré la pandémie.
Les constructeurs, japonais notamment, ont tendance à déléguer leur engagement auprès d’équipes européennes comme peuvent le faire Yamaha avec le YART, Suzuki avec le SERT Yoshimura et même Honda avec F.C.C. TSR basée dans les locaux de Honda à Marnela-Vallée. Est-ce une façon pour eux d’alléger leur engagement ?
Plutôt que de « délégation » , je parlerais de partenariat Europe/ Japon pour allier le meilleur du savoir- faire entre ces deux grands pôles de compétences de l’endurance moto. C’est un mouvement qu’on a encouragé pour faire monter le niveau des top teams, donc du championnat. Ne pensez- vous pas que cela coûte moins cher à Honda de passer par F. C. C. TSR/ Honda France ou à Suzuki de rapprocher le SERT et Yoshimura ? Ils ne s’allègent pas mais renforcent au contraire leur présence en s’appuyant sur des structures qui ont des décennies d’expérience en endurance, et des sponsors privés. C’est une implication très saine pour un constructeur de courir « officiellement » dans un championnat comme l’EWC. Les teams 100 % usines sont pour le MotoGP et encore, vous voyez bien que s’appuyer sur des teams privés satellites produit aussi de bons résultats.
On note également une plus grande participation de pilotes étrangers dans les teams officiels, est-ce vous qui poussez à renforcer l’internationalisation des équipages ?
La proportion de pilotes étrangers ne fait qu’augmenter depuis notre arrivée en 2015, et j’espère qu’elle va se poursuivre.
L’endurance est traditionnellement synonyme de communion entre les pilotes et le public. L’an dernier, et cette année encore, les 24 Heures du Mans se déroulent à huis clos. Est-ce tenable pour les organisateurs ?
Toutes les épreuves ont pris l’engagement de courir à huis clos en 2021 pour assurer la continuité du championnat et des équipes, mais fonctionner avec 70 % de revenus en moins n’est tenable à long terme pour personne.
Pour finir, qui voyez-vous avec la couronne 2021 ?
Joker ! Ce n’est pas ma position d’avoir un favori.