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À 66 ans, Gilles Jacquot, que tout le monde appelle «Tacquot », continue de parcourir les circuits du championna­t du monde d’endurance, où il s’occupe des ravitaille­ments en essence. Et cela fait plus de 40 ans que ça dure. Il nous a raconté son histoire.

- Par Valentin Roussel. Photo DR.

Ce sont sans doute les moustaches les plus célèbres du championna­t du monde d’endurance. Grises, fournies, mais en même temps pas fouillies, elles sont en effet reconnaiss­ables entre mille. Gilles Jacquot, son propriétai­re, n’en est pas peu fier. Il faut dire qu’elles lui dessinent le visage depuis sa puberté. Aujourd’hui, elles ont d’ailleurs pris une sacrée longueur puisqu’elles tombent plus bas que son menton. Bref, les deux sont tout simplement indissocia­bles. Il dit : « Si je ne les avais plus, je ne me reconnaîtr­ais pas. Et puis, mine de rien, ça suscite aussi de la curiosité chez les gens. Ils viennent vers toi... » Ça tombe bien, le gaillard est un adepte des relations humaines. Jamais le dernier à discuter dans le paddock ou à sortir une petite vanne, il a également toujours le bon mot, notamment à l’égard de la jeune génération, avec laquelle il partage généreusem­ent son savoir- faire. Cela fait en effet plus de 40 ans qu’il traîne sa carcasse sur les circuits, où il est devenu, au fil des saisons, un expert dans l’art du derrick. L’essence, ça le connaît. Et il aime ça. Il a pourtant du mal à l’expliquer. Mais c’est son monde, tout simplement. Il suffit de le voir à l’oeuvre sous la petite guitoune accolée au cul du bahut dans laquelle il passe des heures et des heures au milieu des bidons. « C’est vrai que, pour ça, je ne peux pas te donner une raison précise, confie- t- il. Pourtant, j’ai mal au crâne après chaque course de 24 heures. Mais c’est vraiment un truc qui me plaît. » Il consacre ainsi une bonne partie de son temps libre à ce monde de l’endurance qu’il apprécie par- dessus tout.

UNE VIE D’ENDURANCE

Cet esprit de famille et cette notion d’équipe qui collent à la discipline lui parlent, lui, l’humaniste. Bien sûr, pendant toutes ces années, le Parisien, qui est passé par de nombreuses équipes, à l’image de DAP 91, Endurance Moto 38 ou du team SRC Kawasaki, a vu son boulot changer. Si, aujourd’hui, comme tous les ravitaille­urs, il porte une combinaiso­n ignifugée et un casque, il se rappelle que, à ses débuts, la musique n’était pas vraiment la même, loin de là. Il raconte : « À l’époque, on ravitailla­it quand même avec la clope au bec. C’était encore avec un bidon et l’entonnoir. Il n’y avait pas les vannes comme aujourd’hui. Mais surtout, quand j’ai commencé, on faisait la consommati­on en calculant les litres alors que, de nos jours, on pèse l’essence.

Il y a donc moins de manipulati­ons sur le papier mais c’est plus précis. » Cette année, Gilles a rejoint une nouvelle équipe, à côté de chez lui, avec le team Energie Endurance 91 de Yoann Braive. Inutile de dire qu’il a déjà piqué plusieurs têtes à l’atelier, où le derrick l’attend, bien entendu. Là- bas, dans l’Essonne, mais aussi sur les circuits, ou même dans la sphère privée, on ne l’appelle d’ailleurs pas Gilles mais « Tacquot » . Pourquoi ? Une histoire de nom sur une carte grise, quand il était minot. C’est resté. Un sacré personnage !

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