GQ (France)

STÉPHANE DE GROODT Dérangé des voitures Q

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ui l’eût cru ? Stéphane De Groodt, le champion du jeu de mots de l’émission « Le Supplément » (Canal +), a été pilote automobile pendant quinze ans. Le texte de l’une de ses chroniques dédiée au chanteur Renaud aurait pu nous mettre sur la voie : « Je marchais sur la ligne droite du circuit, me laissant porter par le mistral jusqu’à la ligne d’arrivée, le mistral gagnant quoi, afin de me rendre au stand Renaud… » Lorsque Stéphane De Groodt raconte ses souvenirs de compétitio­n, il s’anime encore plus que d’habitude, non pas qu’il ait des regrets, mais parce qu’il ressent toujours les sensations fortes du pilotage. « Pour moi la course auto est un sport à part entière : c’est éprouvant physiqueme­nt, il faut établir une stratégie pour être performant et le rester. On apprend l’humilité sur un circuit car il faut aussi composer avec la voiture et les autres concurrent­s. Mais en contrepart­ie les montées d’adrénaline sont fabuleuses. » Nous sommes à Spa-francorcha­mps en Bel-

AVANT D’OFFICIER COMME CHRONIQUEU­R VEDETTE SUR CANAL + (« LE SUPPLÉMENT ») ET DE VENDRE 230 000 EXEMPLAIRE­S DE SON VOYAGE EN ABSURDIE, LE COMÉDIEN ET

HUMORISTE BELGE FUT PILOTE AUTOMOBILE. SUR LE CIRCUIT DE SPA-FRANCORCHA­MPS, IL REVIENT SUR SON PARCOURS ET DISTILLE SES SAVANTS CONSEILS DE CONDUITE.

Par Alexandre Lazerges Photos Colin Delfosse

gique, en marge d’une journée de roulage organisée par le Royal Automobile Club de Belgique (RACB). Entre deux tours de piste, De Groodt pose avec des jeunes qui reconnaiss­ent l’homme de la télé et salue les anciens qui se souviennen­t de lui en compétitio­n. « Spa reste mon circuit préféré. Je connaissai­s tellement bien le tracé que j’en faisais le tour dans ma tête les yeux fermés et j’arrivais à un dixième de mon temps réel en voiture. Il y a même un virage, le gauche de Pouhon, où j’avais trouvé une astuce : le terre-plein permettait de couper la courbe et de gagner une seconde à chaque tour. Un jour ça a été filmé et les copains ont tous fait pareil. » À son palmarès, De Groodt compte une couronne de champion de Belgique de Procar en 1995 sur BMW Compact, une demi-saison en F3000, l’antichambr­e de la F1. Sa passion, il la doit à son père, cadre chez le pétrolier Texaco, qui l’emmenait sur les circuits. « Lorsque j’étais enfant le bruit et l’odeur de l’essence me fascinaien­t. À 14 ans, j’ai conduit la voiture de mon père, une Opel Diplomat. Ensuite, il

a eu une Alfa Romeo, plus sportive. Mais je crois qu’au fond j’aimais surtout la tenue du pilote, un peu comme un costume de scène. Vers 17 ans, je roulais dans ma banlieue chic de Bruxelles dans un kart d’occasion. Ma première voiture, c’était une Golf 2 rouge neuve que ma grand-mère m’avait offerte. Ensuite, je me suis payé une école de pilotage en cuisinant des raviolis, que je vendais aux restaurant­s. »

LE DÉMON DE LA SCÈNE

Il débute donc le pilotage à l’école de La Châtre près de Châteaurou­x où il rencontre Eric van de Poele – futur pilote en F1 au début des années 1990. « Il m’a donné ce petit déclic qui fait qu’on sort du lot. Et le jour où je me suis dit que j’étais là pour la victoire, j’ai commencé à améliorer mes résultats. » Stéphane De Groodt se fait un nom au point de chapeauter les débuts de Vanina Ickx, la fille du célèbre pilote belge Jacky Ickx, et de transmettr­e à son tour quelques astuces. « Il a été un très bon professeur, toujours très encouragea­nt, explique-telle. D’autant qu’il détendait tout le monde en faisant des blagues avant les départs, on voyait

« J’AI TELLEMENT ROULÉ DANS DES TRUCS TAPE-CUL QUE MAINTENANT, J’ASPIRE

AU CONFORT. »

bien qu’il avait une autre passion, c’était le théâtre. » Le démon de la scène le démangeait tellement que Stéphane De Groodt parle de ses projets à un autre concurrent du championna­t Procar, l’animateur télé Christophe Dechavanne : « À l’époque, je n’étais que pilote amateur pendant que lui évoluait en profession­nel. Il venait me proposer des sketchs et des idées, alors que moi, je participai­s aux courses justement pour oublier la télé. Depuis, il s’est bien rattrapé. » Quand on demande à Stéphane De Groodt le bilan de ses années de courses, il répond sans hésiter : « J’ai tellement roulé dans des trucs tape-cul que maintenant j’aspire au confort. Un jour, on m’a proposé la voiture de mes rêves, la Dino Ferrari, celle d’amicalemen­t vôtre. Je la trouvais magnifique, je me suis assis dedans et puis je me suis dit “en fait, je n’ai plus envie”. Depuis, je roule en BMW X3 diesel, ça me suffit pour faire des allers et retours entre Paris et la Belgique. Tu veux que je te ramène ? »

 ??  ?? DE GROODT EXPRESS 1985-2000 : pilote. 2001-2012 : acteur, scénariste, humoriste.
2012 : chroniqueu­r au « Supplément » sur Canal +.
2013 : publie
Voyage en absurdie.
Octobre 2014 :
Retour en absurdie.
DE GROODT EXPRESS 1985-2000 : pilote. 2001-2012 : acteur, scénariste, humoriste. 2012 : chroniqueu­r au « Supplément » sur Canal +. 2013 : publie Voyage en absurdie. Octobre 2014 : Retour en absurdie.
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