GQ (France)

La vraie vie des chasseurs de primes Arrête-moi si tu peux… Planques, filatures et pauses Mcdo : enquête à New York dans les pas des traqueurs de fugitifs.

- Arnaud Sagnard Clara Vannucci

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Aux États-unis, le temps du Far West n’est pas révolu. Les chasseurs de primes traquent encore, pour le compte de garants de caution, les prévenus en liberté provisoire qui ne respectent pas leurs obligation­s. À New York, une photograph­e a partagé la vie de ces hommes au quotidien rythmé par les filatures, les interventi­ons musclées et les pauses Mcdo.

La journée de George Zouvelos commence toujours un peu de la même manière. Un de ses employés amène un client meno!é dans son bureau de Brooklyn, situé en face d’un des plus grands tribunaux de New York. Zouvelos, surnommé « Bail Boss » parce qu’il est un des garants de caution les plus en vue de la ville, détient l’avenir du prévenu entre ses mains. En effet, aux États-unis, la liberté sous caution des prisonnier­s est confiée à des établissem­ents privés ou à des particulie­rs, les « bail bondsmen ». Ce sont eux qui font sortir de prison les prévenus a!endant leur procès en contrepart­ie d’une caution et de la signature d’un contrat établissan­t des règles strictes (visites régulières, interdicti­on de qui!er l’état, d’enfreindre la loi à nouveau…). À la moindre incartade, George Zouvelos sera chargé de les ramener en détention. Les libérateur­s se transforme­nt alors en chasseurs de primes qui parcourent la ville à leur recherche, menant des enquêtes dignes de séries policières. Une façon d’illustrer le dicton : la liberté a un prix.

Bail Bond, Bondsmen, Defendants and Bounty Hunters, par Clara Vannucci, publié par Fabrica, le Centre de recherche et de communicat­ion du groupe Benetton, 136 pages, 29 €, store.fabrica.it

2 UN ENFER ADMINISTRA­TIF

Dans son bureau de Brooklyn situé en face du Palais de justice de Kings County, George Zouvelos gère des centaines de formulaire­s administra­tifs – le dossier d’un prévenu dépasse régulièrem­ent le kilo. Le reste du temps, il arpente les différente­s cours des tribunaux. Chaque année, il gère plus d’un millier de prisonnier­s en liberté conditionn­elle, les numéros de dossiers a"ribués aux prisonnier­s finissant aisément par remplacer leur nom.

3 LES CHASSEURS DE PRIMES À L’AFFÛT

Une fois les termes de la liberté conditionn­elle d’un prisonnier violés, le garant de caution est en droit d’employer des chasseurs de primes, reconnaiss­ables à leur badge officiel porté autour du cou, pour le retrouver. En moyenne, le salaire de ces enquêteurs avoisine les 10 % du montant de la caution. Ici, ils viennent de fouiller en vain une maison dans le comté de Baltimore (Maryland), à la recherche d’un prévenu. Ils finiront par l’a"raper le lendemain.

4 UN PRÉVENU MANQUE À L’APPEL

Les prisonnier­s faisant appel aux garants de caution, la plupart du temps toxicomane­s, enfreignen­t régulièrem­ent les règles qui encadrent leur liberté. Le plus souvent, ils ne se rendent pas aux rendez-vous obligatoir­es avec leur garant ou aux audiences face au juge. Pour retrouver le « fugitif » dans les rues de Brooklyn, le garant ne dispose la plupart du temps que d’une photo, d’un nom et des adresses qu’il a fréquentée­s ces dernières années.

MANGER DE LA JUNK FOOD TOUTE LA JOURNÉE POUR PATIENTER DURANT

LA TRAQUE D’UN PRÉVENU.

5 &6 LE PRIX DE LA LIBERTÉ

Tout l’argent que perçoit un garant de caution à la sortie de prison de son client est réparti en trois sommes. Une partie appelée « premium » est destinée au garant de caution, la deuxième nommée « collateral » sera rendue au prévenu s’il n’enfreint pas les règles de sa liberté conditionn­elle. Et la dernière lui sert à payer les frais administra­tifs.

7 PAUSE MCDO DANS LA VOITURE

Sur le parking d’un Mcdrive du quartier de Bushwick à Brooklyn, une équipe se restaure après une journée passée à traquer un prévenu. À l’instar des policiers des séries américaine­s, ils peuvent passer des journées entières à patienter en mangeant de la junk food directemen­t sur le tableau de bord de leur voiture, avant de passer à l’action.

8 LA TRAQUE SE POURSUIT AU DOMICILE DU FUGITIF

Quiconque signe un contrat de liberté conditionn­elle avec un garant de caution lui octroie le droit de le laisser, lui ou les chasseurs de primes qu’il emploie, entrer dans son domicile. En revanche, les traqueurs doivent suivre la même réglementa­tion sur les armes que n’importe quel citoyen. Ici à Baltimore, les chasseurs de primes observent l’appartemen­t d’un fugitif.

LES CHASSEURS DE PRIMES PEUVENT PÉNÉTRER QUAND BON LEUR SEMBLE CHEZ UN FUGITIF.

9 AU COEUR DU BRONX

La majorité des prévenus en liberté conditionn­elle à New York est d’origine afroaméric­aine ou hispanique. La plupart vient des « projects », les complexes HLM tentaculai­res comme celui-ci dans le Bronx.

10 UNE JOURNÉE D’ENQUÊTE SE TERMINE

Retour au bercail, sur le pont de Brooklyn. Le temps pour l’enquêteur de faire le point sur les indices collectés lors de perquisiti­ons aux dernières adresses connues d’un prévenu en fuite.

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