GQ (France)

Harry Crane pete Campbell Ken Cosgrove Stan rizzo Michael ginsberg Mad Men ou la fin de l’âge d’or des Séries télé ? Betty francis • À lire : henry francis Sally draper

La série si stylée qui symbolise la fin des années 1960 américaine­s est peut-être aussi l’une des dernières de son genre : celui qui a atteint son apogée à la fin des années 2000. Décryptage par Brett Martin.

-

Mad Men est diffusée aux états-unis sur AMC, une chaîne du câble, cette relique technologi­que de la fin du XXE siècle, et subit donc encore les contrainte­s propres à ce média : l’attente, semaine après semaine, du nouvel épisode. on est loin du binge watching de House of Cards sur netflix. Le dernier épisode sera sûrement l’occasion de ritualiser cet adieu à un âge d’or des séries : celui des Sopranos, Six Feet Under, Breaking Bad, The Shield, et autres The Wire. gageons que nous partageron­s religieuse­ment le dernier épisode de Mad Men – au sens où la religion est ce qui transforme les gens en communauté – tout en sachant que nous arrivons aussi à un point de basculemen­t du modèle de la fiction télé. Car comme ces autres grandes séries, Mad Men a vu ses qualités minorées par des programmes plus frais et parfois moins chers. Walter White, le prof de physique devenu baron de la drogue de Breaking Bad, est – spoiler alert ! – mort dans son laboratoir­e. tony soprano est… juste parti, disons. tout comme vic Mackey de The Shield et Jimmy Mcnulty de The Wire – ces « hommes tourmentés », pleins de rage, aussi aimables que méprisable­s, qui ont permis à la télévision de la fin du XXE siècle de se propulser vers son âge d’or de la première décennie du Xxie. en quelques années, l’idée selon laquelle l’art pouvait exister sur le petit écran est devenue banale. une série télé peut aujourd’hui tout raconter et adopter tous les points de vue. Certaines incluront forcément des personnage­s masculins à la fois charismati­ques toujours complexes à cerner. Mais la télé n’a plus aujourd’hui besoin de se servir d’un antihéros pour montrer la réalité.

Brett Martin, Des hommes tourmentés (Ed. La Martinière)

La pub à la télé, c’est l’avenir, et ça, le gros Harry (rich sommer) l’a bien compris.

Le rival immature de Don et ex-amant de Peggy (vincent Kartheiser) va-t-il

se racheter ? il a perdu un oeil lors d’un accident de chasse, mais Ken (Aaron staton) ne perd pas le nord.

sa bonhomie et sa barbe ont fait la différence. stan (Jay

r. ferguson) tire son épingle du jeu. névrosé mais génial, le jeune pubard hirsute (Ben

feldman) va-t-il enfin aller mieux ?

Betty, l’héroïne hitchcocki­enne des débuts (January Jones), a tourné mémère. tristesse. Le nouveau mari de Betty (Christophe­r stanley) réussira-til à lui faire oublier le ténébreux Don ?

La fille aînée de Don Draper a bien grandi. et l’actrice Kiernan shipka,

15 ans, aussi.

en placer une, mais je dois dire que, dans ces circonstan­ces, nous avions de vraies conversati­ons. On s’asseyait et on commençait par revenir sur la fin de la saison précédente. Puis on se demandait ce que Don allait devoir affronter désormais: qu’est-ce que ça lui fait de se retrouver à 36 ans dans une telle position de force? Et d’en même temps se faire plaquer par sa femme ? De perdre contact avec ses enfants ? Puis, d’avoir 40 ans et d’être avec une femme plus jeune ? Qu’est-ce que ça soulève, tout ça ? »

le récit de superhéros inversé C’est là finalement toute l’ambition de Mad Men : dresser le portrait parfois impitoyabl­e de la vie réelle, dans tout ce qu’elle peut avoir de chaotique, frustrant, stagnant. Aux États-unis, la fin des années 1960 constitue depuis longtemps un mythe aussi puissant que les années 1960 elles-mêmes. Et dans l’imaginaire collectif, la tragédie du concert des Stones à Altamont est aussi marquante que Woodstock, et les atrocités commises par Charles Manson n’ont pas moins frappé les esprits que les discours et l’engagement de Martin Luther King. C’est précisémen­t cette tension entre espoir et chaos qui se situe au coeur même de Mad Men, même si à peu à la lente déchéance – il est lui aussi un mythe que la série s’attache à démanteler. Les téléspecta­teurs finiront par prendre conscience, horrifiés, que Don Draper n’est que Clark Kent, jamais Superman. « Mais ils voudront malgré tout l’aider, le réparer, le soigner – c’est un réflexe très humain, dit Hamm. Même si je persiste à croire que Don ne doit pas être excusé. Tout ce que je peux dire sur la fin de l’histoire, c’est qu’elle a quelque chose de très poétique. » Il y a quelques années, Jon Hamm et sa femme sortaient d’un restaurant new-yorkais quand ils sont tombés nez à nez avec James Gandolfini (décédé en juin 2013, ndlr), alias Tony Soprano, alors qu’il sortait d’une voiture avec chauffeur. « Je me suis dit, “Mon Dieu, c’est vraiment lui”. Il a été incroyable­ment sympa, même si, et c’est un peu terrible à dire, le premier réflexe que j’ai eu en le voyant, ça a été de penser : “Ce type va me faire assassiner.” À la place, il nous a proposé de nous faire raccompagn­er par son chauffeur. » Plus récemment, Hamm a croisé Bryan Cranston, alias Walter White de Breaking Bad, fraîchemen­t libéré de ses obligation­s. « C’est dur, il faut que tu le saches, a prévenu l’acteur. C’est dur de laisser un modeste quant à sa situation. « Quand des gens me disent que nous autres acteurs faisons un dur métier, j’ai envie de leur dire, “Mouais, enfin c’est quand même plus facile que d’être chirurgien en pédiatrie, non ?” C’est assez simple d’être acteur, une fois qu’on a mémorisé les dialogues. Même si, dans le cas de Don, j’avoue avoir été parfois touché par ce qui lui arrivait. »

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France