La petite musique du luxe
Véritables Rolls de l’industrie horlogère, les répétition minutes sont des grandes complications qui offrent une sonnerie mélodieuse et réglable à volonté. Une prouesse technique qui nécessite au moins 500 composants. Et qui, vu les cotes irréelles du ma
Prouesses techniques, cotes irréelles : les secrets des répétition minutes, ces montres qui ont le dring-bling.
si les premiers horlogers ont su dès la Renaissance faire sonner les heures des beffrois et des grandes horloges des princes, il a fallu attendre bien plus tard pour faire tinter les minutes et indiquer ainsi l’heure juste sur demande. Car avant l’invention de l’électricité, avoir l’heure juste, de nuit, était pour ainsi dire impossible. L’idée fut donc de concevoir un mécanisme qui, sur demande, puisse indiquer les minutes, grâce à une mélodie. Pour comprendre, prenons un exemple : 4 h 58. La première mélodie est évidente : 4 coups viennent indiquer les heures. Puis, 3 coups viennent indiquer les trois quarts (45). Enfin, 13 autres coups comblent la différence entre 45 et 58. Cette fonction est disponible sur commande en actionnant une gâchette sur la partie gauche de la boîte. Pour l’expert Aurel Bacs, la cote insolente qu’atteignent ces modèles s’explique ainsi : « Techniquement, la complexité tient à la nécessité de produire trois tintements distincts, pour les heures,
les quarts et les minutes. Pour chacune de ces mélodies, un cercle de métal va servir de timbre sur lequel des micromarteaux vont venir en cadence produire la musique recherchée. Au-delà de cet aspect purement technique, il faut aussi prendre en compte la dimension artistique. Car une répétition minutes est aussi jugée par la finesse des différentes sonneries qu’elle propose. Et cette finesse induit une troisième contrainte, celle du volume sonore. » Produire un son fort et clair dans une boîte hermétique à l’aide de microcomposants revient à sonoriser une salle de concert avec une paire d’oreillettes. Des recherches acoustiques menées avec des luthiers de renom et l’appui de différents instituts comme l’école polytechnique fédérale de Lausanne ont permis récemment d’obtenir des résultats inédits. Il faut compter enfin pas moins de 500 composants en général pour aborder le sujet, ce qui rend le principe très gourmand en énergie et demande donc un important travail sur la réserve de marche. Imaginez lorsque cette technique est couplée à un tourbillon : on approche le millier. Le tout, comme toujours, dans moins de 1,5 cm d’épaisseur… Si l’invention du principe, attribuée à l’anglais Daniel Quare, remonte au XVIIE siècle, il faudra attendre 1892 pour qu’audemars-piguet en développe la miniaturisation, au point d’en proposer une version montre-bracelet, un prodige à l’époque. Cette année, la compétition fait rage autour de cet Everest horloger, qui en dépit de tarifs exorbitants est généralement d’une discrétion notable. Historiquement, assez peu de détails distinguent certaines de ces grandes complications de leurs déclinaisons ordinaires. Seuls les experts savent les identifier au premier coup d’oeil, car certains signes ne trompent pas. Aujourd’hui, une nouvelle génération de modèles propose de véritables hymnes à cet art majeur. À noter que nombre de prix sont indiqués sur demande : point d’oubli, mais à un certain niveau, les marques préfèrent le chuchoter à l’oreille, surtout lorsqu’un tourbillon s’invite sous la glace. Ouvrons l’oeil et tendons l’oreille pour détailler ces auditoriums miniatures.
un everest horloger d’une
discrétion notable malgré
des tarifs exorbitants.