GQ (France)

1991 Depuis le début des années 1990, l’acteur a gravi tous les échelons sans économiser sa peine. 1992

MARKY MARK CALVIN KLEIN

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omme en cuisine, le cinéma est une affaire de goût. Préférer Blow out à Blow up, s’endormir devant 2001, l’odyssée de l’espace ou adorer Bienvenue chez les Ch’tis. Fast-food ou cuisine moléculair­e, à chacun de décerner ses étoiles Michelin du cinéma. Mais, de mémoire de cinéphage, une seule oeuvre rassemble de manière oecuméniqu­e le père, le fils et les sains d’esprit. Tous vénèrent Retour vers le futur. Pourtant, au début des années 1980, personne ne veut de ceŸe histoire d’adolescent contraint de faire se rencontrer ses parents pour pouvoir exister. L’idée germe dans le cerveau du scénariste Bob Gale lorsqu’il feuilleŸe l’annuaire universita­ire de son père. Il se demande s’il aurait été ami, à l’époque, avec son géniteur. Ce natif du Missouri est, depuis l’école, inséparabl­e de Robert Zemeckis, de onze jours son aîné. Ensemble, les « deux Bob », comme les surnomme Steven Spielberg, écrivent pour le réalisateu­r le scénario de 1941, sorti en 1979. Échec cinglant. Les « 2B » s’aŸellent alors au scénario de Retour vers le futur. « Notre scénario a été refusé plus de 40 fois, raconte Bob Gale à GQ, grand sourire sous des luneŸes XL. 42 ou 43 fois, je ne comptais plus ! » L’homme redonnerai­t de l’énergie à un dépressif un jour de pluie. Déjà trois décennies qu’il parle de son film et ne s’en lasse pas. « Au début des années 1980, les studios américains voulaient des comédies interdites aux moins de 17 ans, comme Porky’s (1982) ou American College (1978), se souvient-il. Ils nous disaient : “On veut un truc plus salace. Votre histoire, c’est mignon, c’est pour Disney.” Chez Disney, on nous a répondu : “Vous êtes fous ! On ne peut pas produire une comédie sur une mère qui tente d’embrasser son fils !” » Quatre ans de rejet, la messe est dite. Ou presque. Las, Zemeckis accepte un film de commande, À la poursuite du diamant vert, avec Michael Douglas en copie conforme d’indiana Jones. Son succès catapulte le cinéaste en tête de gondole.

Derniers ajustement­s Steven Spielberg accepte alors de produire Retour vers le futur. Mais, effrayé à l’idée que les enfants imitent la fiction, il réclame que le réfrigérat­eur servant àvoyager dans le temps soit remplacé par un autre objet. Zemeckis propose d’utiliser une voiture Delorean, car «ses portes papillon pouvaient la faire passer pour un objet volant», raconte Bob Gale. Lorsque Spielberg apporte le projet chez Universal Pictures, son président, Sidney Sheinberg, veut aussi des ajustement­s: il souhaite que la mère de Marty s’appelle Lorraine (prénom de son épouse), et que le singe de Doc Brown devienne un chien. Pour incarner Marty Mcfly, le meŸeur en scène jeŸe son dévolu sur Michael J. Fox, star de la sitcom Sacrée Famille alors diffusée sur NBC. L’emploi du temps serré du comédien de 24 ans l’empêche de se libérer, et c’est Eric Stoltz qui est engagé. Un mois après le début du tournage, Zemeckis annonce que le comédien a été remplacé:

Le nombre de fois

que Bob Gale et Robert Zemeckis se sont vu refuser

le scénario de

resté dans les cartons pendant plus de cinq ans.

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