LA VOITURE DU FUTUR
LA DELOREAN
Nous sommes à Hubbardston, à une heure de Boston. Le propriétaire est un passionné qui sème des superlatifs dans la conversation. Dans la vie, Bill Shea vend des objets de la Seconde Guerre mondiale. Le sexagénaire est comme un enfant dans sa grange dédiée à Retour vers le futur, où deux DMC-12 (dont la seule Delorean ayant servi sur le film aux mains d’un particulier) côtoient le pick-up du premier épisode, la chemise portée par Doc et un prototype de l’hoverboard. La première voiture, il l’a construite lui-même à partir d’une Delorean d’occasion. Quatorze mois de travail, 1 000 heures de labeur, sous l’oeil de férus internautes. « Si vous trouvez un détail qui manque, je vous donne 100 $ », aimet-il à répéter à ses visiteurs. La seconde Delorean vient du troisième épisode de RVLF. Bill Shea l’a achetée 474 000 €. « Il faut voir les yeux des enfants quand les portes s’ouvrent, les gens me courent après dans la rue et hurlent les dialogues du film. J’ai l’impression d’être une rock star ! » Son rêve ? Posséder l’analyseur de cerveau que porte Doc Brown. « Trouvez-le moi, je ferai le chèque ! »
Automne 2014. La quête spatiotemporelle de GQ nous mène à l’ouest de Londres, où un multiplexe accueille une vente aux enchères d’objets de cinéma. 377 lots venus de 40 pays. 1,4 million d’euros de rece es escomptées. À l’entrée, le lit de Jack Nicholson dans Shining et un costume du Predator ; dans les vitrines, le short de Rocky Balboa, un pistolet de La Guerre des étoiles et le badge de John Mcclane dans Une journée en enfer. Mais tous les regards convergent vers l’hoverboard de Retour vers le futur 2. « Dès l’annonce de ce e vente, toutes les demandes d’informations ont été pour l’hoverboard, explique Stephen Lane, l’organisateur. Il appartient à un collectionneur européen qui l’a acheté à quelqu’un aux États-unis, qui l’a lui-même acquis auprès d’un accessoiriste du film. » Lorsque l’hoverboard apparaît, un silence s’installe. La vente débute à 14000 €. En une minute et 24 secondes, l’affaire est réglée, l’objet s’envole (façon de parler) à 31 000 €. L’heureux propriétaire, Ash, est un architecte trentenaire, vivant entre Paris et Londres. « J’avais 7 ans la première fois que j’ai vu le film, raconte-t-il. Posséder ce e planche me rend nostalgique, j’ai l’impression d’être à nouveau un enfant. » Pour d’autres, l’hoverboard a constitué une source d’inspiration. Jill et Greg Enderson l’avouent bien volontiers. « La sortie de Retour vers le futur 2, en 1989, a coïncidé avec un terrible tremblement de terre à San Francisco, se souvient cet architecte américain. J’ai commencé à réfléchir à un moyen de prévenir les catastrophes. » Le couple imagine un champ magnétique perme ant de faire léviter les immeubles au-dessus de leurs fondations en métal, en cas de séisme. Les deux Californiens déposent leur invention en juillet 2014, « mais l’office des brevets a refusé de croire à notre idée, se remémore Greg Enderson depuis ses bureaux de Los Gatos. Nous avons dû nous rendre jusqu’en Virginie afin qu’ils voient de leurs yeux notre projet. On les a bluffés. » Pour a irer l’a ention, le duo crée un hoverboard fonctionnant sur une surface métallique et tente de lever des fonds via la plateforme de financement participatif Kickstarter. Résultat : 500 000 $ récoltés, soit deux fois la somme espérée. Le magazine Time a classé leur skate parmi les 25 meilleures inventions de 2014. Les 10 prototypes, vendus 8 900 € pièce, sont partis en quelques jours. Vivement la commercialisation, pour faire le malin à la sortie du lycée !