21 ans ÉTATS UNIS
Euh, ça vous embête si je rapproche l’assie e de chips ? » Installé au bout d’une immense table de réunion, Ricardo Morales, un trentenaire au visage potelé, fait défiler des photos de pin-up en petite tenue sur un écran géant. Derrière lui, de grandes baies vitrées offrent une vue plongeante sur le quartier d’affaires de Luxembourg, et l’on aperçoit même l’immeuble de Clearstream. L’image d’une blonde en portejarretelles à califourchon sur un canapé s’affiche en face de Ricardo. « Celle-ci, c’est une nouvelle », commente-t-il, laconique, entre deux bouchées de Pringles, alors qu’en apparaît une autre, où l’on voit une jeune femme prendre la pose en string sur une bo e de foin. « Ah, la voilà, enfin ! » lance-t-il, en s’arrêtant sur une splendide brune aux yeux émeraude et au décolleté, disons, très généreux. « Elle, elle se fait appeler “A11hoterika”. Elle est dans notre top 3. Des clients du monde entier viennent la voir. C’est parce que l’on a des stars de ce calibre-là que nous sommes le n° 1 mondial. » Des « stars de ce calibre », Ricardo en gère toute la journée. Son titre officiel : « responsable grands comptes de Livejasmin pour l’amérique latine ». En clair, le jeune homme s’occupe des relations commerciales et techniques du site avec les filles les plus demandées de la région, « surtout les Colombiennes, précise-t-il. C’est un gros marché pour nous, la Colombie. »
Ambiance start-up Bienvenue dans le monde de la « live cam », ces peepshows virtuels qui envahissent la toile et qui seraient même, pour beaucoup, l’avenir du cyber-porno. Livejasmin, créé en 2002, qui revendique 35 millions de visiteurs par jour, est le plus gros site de ce genre au monde. Ici, tout se passe derrière un écran, on vend de « l’adulte » comme si on vendait des shampoings ou des voyages tout compris, et ce sont des personnages inoffensifs dans le genre de Ricardo qui jouent le rôle de « mac », version 3.0. « Sauf que moi, je ne rencontre jamais les filles en vrai », confesse l’intéressé en lâchant un sourire. Les « filles » – il y a bien sûr des « camboys », ainsi que des couples sur Livejasmin, mais ils ne sont qu’une poignée – ne bougent pas de chez elles. Elles se filment avec une simple webcam, qui retransmet en direct sur le site. « Souvent, les gens qui viennent ici sont déçus. Ils croient qu’on a des femmes cachées dans une salle, mais pas du tout !, rigole Mélanie Delannoy, la responsable presse. Un jour, les policiers sont venus. On leur avait sûrement dit qu’il y avait des choses pas légales. Ils sont repartis un peu dépités… » Le QG de Livejasmin ressemble, en fait, à celui de n’importe quelle autre start-up : des ba eries d’ordinateurs en open space, une grande cuisine partagée,
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