GQ (France)

#SNEAKERPOR­N

LE STYLÉ EXTENSION DU DOMAINE DU #PORN DIGITAL SEX

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d’explorer les limites du politiquem­ent correct et de me re en avant les notions de plaisir et de fantasme », explique Nicolas, entreprene­ur dans l’horlogerie et contempteu­r du #watchporn.

Porosité entre langage commun et porno À ce e mouvance pornochic est venue s’ajouter la révolution des usages liée aux tubes – Youporn, Pornotube ou Pornhub –, lesquels perme aient pour la première fois, à partir de 2006, de mater du porno en streaming gratuiteme­nt et à volonté. Avec un point d’entrée potentiel dans chaque foyer, l’image et la représenta­tion des corps ont donc subi en une décennie l’influence de l’échelle porno. Dans l’univers des athlètes notamment, devenu le territoire d’élection d’une esthétique néox connue sous le nom de sporno. Une influence pérenne (selon un sondage Ifop et Cam4 de juin 2014, 10 % des Français regardent du porno au moins une fois par semaine) qui a aussi modifié en profondeur notre rapport aux mots, en perme ant une porosité entre langage porno et langage commun. Les tags et acronymes utilisés pour distinguer rapidement le contenu des production­s X sont désormais intégrés à nos champs lexicaux de la drague. « Milf, teens, boobs ou cougar font partie de mon vocabulair­e classique quand je parle de filles avec mes potes, sans aucune connotatio­n dégradante », raconte Antoine, 30 ans, qui ne voit certaineme­nt pas ses copines comme des hardeuses profession­nelles. Devenu autant un rituel social approuvé par la majorité, le terme porn est le meilleur exemple de ce glissement syntaxique de la niche au mainstream, dont a logiquemen­t découlé un appauvriss­ement du sens et une perte d’excitation. Conscient de ce e imprégnati­on dans le quotidien de toute une génération, la pub, autrefois prescriptr­ice de tendances, est obligée de modifier son rapport li éral à la culture porn. « Afficher un bout de sein ou des jolies filles dans une publicité en espérant a irer l’a ention du consommate­ur n’est plus suffisant », analyse le publicitai­re Romain Simon. La solution ? Le porn marketing, qui reprend ces codes X, « en enlevant du porn tout aspect sexuel pour en garder juste la forme ». Initiateur timide du genre, Renault lançait en 2008 un site dédié à sa nouvelle Twingo en forme de clin d’oeil appuyé aux sites de shopping coquins. Mais le changement se profile véritablem­ent en 2013 quand le géant suédois Ikea met en ligne Hotmalm.com : message d’avertissem­ent aux mineurs, codes couleur sombre, capture d’écran de vidéos, barres publicitai­res tapageuses, tout fait penser à un site de tubes porno. Il n’en est pourtant rien. Le site promotionn­el est entièremen­t dédié à sa gamme de matelas Malm. Le buzz prend et les réseaux sociaux adorent. Un an plus tard, c’est Oasis, plus connu pour ses pubs d’animation potaches, qui tente l’aventure du porn marketing pour ses jus de fruits. Sur le même concept de faux site porno, Youpomm arrive en quelques heures en tête des très convoités « trend topics ». Dernier en date, la SNCF qui assurait l’été dernier la promotion de sa carte 1228 ans via le site 28max.com, ouvertemen­t boosté au porn. « En réalité, la pornograph­ie au sens strict du terme est désormais devenue si inoffensiv­e qu’on peut se perme re de jouer avec l’image (excessive et transgress­ive) qui y est a achée, sans plus avoir à en payer le prix », explique le philosophe Laurent de Su er. Démocratis­é en même temps que la production pornograph­ique et ses canaux de diffusion, « le porno est devenu mainstream mais, paradoxale­ment, il commence à peine à être reconnu comme une culture (ou culture alternativ­e) à part entière », ajoute l’universita­ire Stephen des Aulnois. Une reconnaiss­ance publique qui, malgré l’unanimité, agace certain. Sur les réseaux, de plus en plus de voix s’élèvent contre ce e nouvelle dictature du porn. « Le suffixe porn pour tout et n’importe quoi. Quelle tristesse », regre e @Sniperovit­ch sur Twi er. Alors, bientôt la fin de l’âge du porn ?

Près de 2,5 millions de publicatio­ns sur Instagram

avec ce hashtag de dingues de baskets !

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