LES COULEURS DU TOUR Il n’y a pas que le jaune dans le peloton…
LE MAILLOT JAUNE Thomas Voeckler, maillot jaune en 2004 et 2011
au jaune en 1995 et en 2000. Un changement de statut radical, une mutation instantanée. Le coureur cycliste, français qui plus est, se métamorphose en revêtant pour la première fois ce nouveau costume, sa désormais seconde peau. « C’est assez violent car on n’est pas préparés, reprend Vasseur. On peut faire le parallèle avec la téléréalité. Sur le Tour, tout est disproportionné : les médias, le public, les autres coureurs… Du jour au lendemain, tout le monde vous observe alors que vous n’étiez personne quelques heures plus tôt. » Il y a les interviews, plus longues et plus nombreuses, le protocole, les poignées de main, les fans qui cherchent à toucher la nouvelle star. Du temps de récupération précieux sacrifié sur l’autel de la nouvelle gloire. En 2004, sous le règne frelaté de Lance Armstrong, Thomas Voeckler, 25 ans, découvre la vie de vedee pendant dix jours : « Après une étape, on devait rallier l’hôtel en voiture. J’avais le maillot sur moi et, au moment de quier le parking, deux personnes m’ont reconnu. Soudain, c’était l’aroupement général. Les gens criaient, la voiture a commencé à bouger de gauche à droite. C’était dingue, et un peu effrayant. »
Transcendance physique L’oncle Ben le dit très bien à Peter Parker aka Spiderman : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » Au lendemain d’une nuit forcément agitée, le coureur fraîchement paré de jaune doit
Créé en 1968 pour récompenser le coureur occupant la meilleure place des trois classements, ce maillot d’abord blanc puis bariolé disparaît en 1989.
nationale et revenant au bercail paré d’une nouvelle étoffe. Avec le jaune sur les épaules, c’est désormais tout le groupe qui se met au diapason de son leader. Dévoués au maillot jaune, les équipiers sont chargés de le protéger du vent et des cassures possibles, d’assurer la poursuite des échappées ou de contrer les aaques dangereuses. « De musicien, on passe chef d’orchestre, dit Vasseur. Il faut apprendre à gérer ses équipiers, à s’organiser. » Si ce maillot déclenche l’admiration des foules et le respect des coéquipiers, il aise aussi les convoitises. L’anonyme en jaune se découvre alors de nouveaux ennemis. Logique. Le Joker n’est-il pas né avec Batman ? Et Lex Luthor n’a-t-il jamais voulu la peau (et le costume) de Superman ? Tous les coups sont permis. Laurent Jalabert en a fait l’amère expérience
Le salaire d’une seule journée en jaune. Le vainqueur final touche 450 000 €,
une somme qu’il partage avec
ses équipiers.