Auto-biographie Moteurs, action !
Steve Mcqueen
Pilote hors pair, bidouilleur acharné et collectionneur compulsif, Steve Mcqueen a vécu par et pour les voitures (et les motos), jusqu’à faire de certaines les stars de ses films. Pour lui, la passion de la vitesse et de la compétition tournait à l’obsession. Retour sur une légende construite sur les chapeaux de roue.
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L’affaire Thomas Crown, l’autre énorme succès de 1968. Mcqueen a eu le droit de conduire pour les scènes en buggy sur la plage de nouvelle-angleterre. il faut dire que Steve avait lui-même supervisé la construction de ce bolide et remplacé le poussif moteur Coccinelle par celui d’une Corvair Chevrolet de 230ch. Sa maîtrise du véhicule dans les dunes, avec Faye Dunaway àses côtés, montre ses capacités de pilotage hors pair.
le cascadeur Cette habileté, il la doit à son entraînement en tout-terrain. Dèsque son emploi du temps le lui permettait, Mcqueen participait à des courses en buggy comme la baja 1000 ou en motocross, sous des noms d’emprunts pour ne pas trop attirer l’attention. Dans le film On Any Sunday (1971) réalisé par bruce brown et produit par Solar Production (société appartenant à Mcqueen), on voit l’acteur chevauchant une Husqvarna 400 lors de la fameuse course d’elsinore, en Californie du Sud. « À chaque fois que je trouve que le monde est moche, je regarde les gens qui prennent du bon temps avec leur moto et je vois les choses autrement», dit Mcqueen la seule fois où il s’exprime dans le film. Ce documentaire est considéré depuis comme la référence matricielle absolue de toute la scène « moto custom » actuelle (voir GQ n°89 de juillet). on y voit d’ailleurs pour la première fois des images prises par des caméras embarquées fixées sur les casques des motards couchés en virage et ce, quarante-cinq ans avant l’invention des gopro ! À la fin du documentaire, une longue séquence montre un Steve Mcqueen hilare, tenir sans peine le rythme imposé par deux professionnels aguerris, Mert Lawwill et Malcolm Smith. « Mcqueen a toujours adoré se trouver en présence de pilotes», insiste gabriel Clarke, le co-réalisateur du film The Man & Le Mans, présenté début septembre au festival de Deauville (lire ci-contre). « Mcqueen cessait alors d’être la superstar qu’il était dans la vraie vie, affirme Clarke à GQ, ça lui ôtait la pression et le libérait. » De simple passe-temps, cette passion pour la compétition s’est transformée en véritable obsession. Dès 1965, il cherchait le moyen de produire le film définitif sur la course automobile, d’autant qu’il avait été très déçu par le film Grand Prix (1965) de John Frankenheimer. Mcqueen voulait montrer l’univers de la compétition en plaçant le spectateur au centre de l’action, donc directement derrière le volant. The Man & Le Mans raconte l’histoire de ce projet fou qui a frisé le fiasco complet, tant financièrement qu’artistiquement. un projet aussi dingue et mégalo que Mcqueen lui-même à l’époque. Après ce film éprouvant considéré aujourd’hui comme très en avance sur son temps, le « king of cool » n’a plus jamais participé à une course. Quelque chose s’était définitivement brisé. Même s’il a continué à s’acheter de belles voitures comme la Porsche 930 turbo, le rôle qu’il tient dans son dernier film, Le Chasseur (1980), montre un homme totalement incapable de faire le moindre créneau ou de passer une vitesse sans faire craquer la boîte de sa Chevrolet cabriolet. un gag amusant joué par un pilote-né, arrivé deuxième aux 12 Heures de Sebring 1970, malgré une cheville cassée. Et ça, ce n’est pas du cinéma. a. l.