Mème pas peur
Comment transformer cette réplication virale (souvent gênante) en stratégie de marketing ou de personal branding.
LE « MÈME » , phénomène numérique jusque-là spontané et incontrôlable, est envisagé aujourd’hui comme une ressource à exploiter dans le cadre de stratégies marketing ou de personal branding. Du grec mimesis, le « mème », théorisé par Richard Dawkins, est cette unité culturelle qui se caractérise par un processus de réplication-altération. Sur les réseaux sociaux, l’ image de Batman collant une claque à Robin, assortie de commentaires évolutifs, en est une illustration emblématique. Le potentiel viral de cette forme de communication en constitue aujourd’hui tout l’attrait. Réussir à maîtriser l’art du mème, c’est voir son message démultiplié à l’infini. Voilà pourquoi le site Buzzfeed France annonçait récemment vouloir « mèmifier l’info ». Mais est-il si facile d’instrumentaliser un phénomène qui a vocation à vous échapper ?
GQ vous propose ce mois-ci de mesurer les enjeux (et les dangers) de la mèmification.
1 — Quand le phénomène vous échappe, pensez à le récupérer
Kyle Edward a eu la mauvaise surprise de voir un jour une ingrate photo d’adolescence (postée sur Facebook) devenir un mème sur Internet, sous l’intitulé peu avenant de « Bad Luck Brian ». Avec son appareil dentaire, son gilet sans manches écossais et sa coupe de Playmobil, Kyle est devenu malgré lui l’archétype du loser, voyant sa tête assortie de slogans plus calamiteux les uns que les autres. Malin, Kyle a transformé son aventure mèmétique en business, enfilant régulièrement son vieux gilet à carreaux pour vendre des produits dérivés, devenant le VRP de son propre ridicule.
2 — N’oubliez jamais qu’on peut faire dire n’importe quoi à une image
En 2015, Jean-marc Dutouya voit débarquer dans sa campagne des écolos (emmenés par Allain Bougrain-dubourg) qui entreprennent de détruire ses pièges à pinsons. Ni une, ni deux, Jean-claude saute du lit, saisit une pelle, et, vêtu d’un slip et d’un T-shirt, fait face aux amis de la nature. La scène, immortalisée par un photographe de presse, fera le tour du Web. À force de détournements, elle deviendra un « mème » embarrassant pour celui qui est désormais surnommé « l’homme à la pelle ». Conseil : à l’heure des réseaux sociaux, réfléchissez à deux fois avant de sortir en slip.
3 — Dîtes-vous que si le ridicule ne vous tue pas, il vous rendra plus fort
Expert en sciences politiques, spécialiste de la Corée, Robert E. Kelly entamait, depuis le bureau de son domicile, une interview par Skype avec la BBC lorsque sa jeune fille a eu la bonne idée de surgir en arrière-plan, suivie de son dernier enfant dans un youpala et enfin de sa femme, tentant tant bien que mal d’exfiltrer les deux intrus en rampant. Ce contraste entre le sérieux académique du prof de fac et le ridicule de la situation explique l’incroyable succès viral de cette vidéo, détournée pour devenir le mème le plus drôle de 2017. Robert Kelly a par la suite eu la bonne idée de faire un débriefing vidéo de sa mésaventure, s’offrant une célébrité aussi soudaine qu’inespérée.
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