GQ (France)

LA VIE DES INTERNETS

- Par Fabrice Tassel

Ce mois- ci, GQ s’est penché sur les comptes Instagram des deux stars du Real Madrid, Karim Benzema et Cristiano Ronaldo.

Véritable vitrine égotique, Instagram peut aussi oeuvrer à une meilleure compréhens­ion d’autrui (et de son intimité). Ce mois-ci, GQ s’est penché sur le cas des deux stars du Real Madrid.

CE JEUDI 25 MAI s’est produit un de ces micro-événements qui deviennent majeurs sur les réseaux sociaux : l’apparition d’une jeune femme dans la vie de Cristiano Ronaldo, plus précisémen­t dans ses bras et sur son canapé. C’est une des rarissimes images, sinon la première, de la vie sentimenta­le de la star portugaise, likée cinq millions de fois. Elle est singulière car, hormis des apparition­s régulières( et plutôt touchant es) des on fils, et quelques- unes de sa mère, «l’Ins ta» de Ronaldo ( 104 millions d’abonnés) dégage une troublante impression : un mélange de magnétisme glacial, desolitude et, parfois, d’éclats joyeux. On y découvre le plus souvent sa vie de footballeu­r ( images d’entraîneme­nt, de match, de vestiaires, de sa maison bunker dans la banlieue de Madrid, de ses nombreuses voitures de sport) et d’homme

d’affaires ( photos de produits dérivés, dont une ligne de vêtements, ou de sponsors). Il exhibe aussi énormément son corps, cet outil de travail qu’il martyrise chaque jour.

UN DE SES VOISINS de vestiaire au Real Madrid, le Français Karim Benzema ( 19 millions d’abonnés sur Instagram), ose aussi de temps à autre une image de sa fille. Pour le reste, se dégage la même atmosphère d ’ isolement et, évidemment, d’ultra- contrôle. L’été dernier, il avait posté une série de clichés, toujours depuis des lieux paradisiaq­ues ( Los Angeles, Bali), l’ a f f ichant souvent seul ( dans une alcôve en business class), et de dos ( au bord d’une piscine, d’un lagon). Vraie ou fausse, la mise en scène traduisait un sentiment entre la bouderie ( l’attaquant vivait alors très mal de ne pas avoir participé à l’euro de foot en France) et la franche colère. Si on ignore comment ces images sont choisies, on peut supposer que celles les montrant aux côtés de relations proches passent par leur validation. Comme si ces deux hommes cherchaien­t à nous dire : « Je peux aussi avoir une vie normale. » Et, même si maîtrisée, la banalité de ces albums de famille ( un repas partagé, une vidéo regardée emmitouflé­s dans une couverture, une partie de chatouille­s, une baignade à la piscine) a quelque chose de réconforta­nt. Comme si seuls les réseaux sociaux, ouverts aux quatre vents, leur garantissa­ient une paradoxale intimité.

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