GQ (France)

Vous êtes bien urban

Lancée il y a un demi-siècle comme une brocante pointue, la marque Urban Outfitters possède aujourd’hui 400 boutiques. Et ouvre sa première adresse française.

- Par Étienne Menu

IL A OUVERT À PARIS FIN FÉVRIER, près de la Samaritain­e, rue de Rivoli, et c’est le premier magasin français de la chaîne Urban Outf itters. Enseigne américaine ciblant un public br anché, « UO » a démarré à Philadelph­ie dans les années 1970 comme une sorte de concept- store de la contre- culture. Installé dans un entrepôt, le centre commercial spécialisé dans l’occasion de qualité fournissai­t ses clients en vêtements, objets de déco et produits culturels à la fois atypiques et cool. Dès le départ, Richard Hayne, le fondateur de la société, a tenu à faire du non- standard son propre standard, de vendre en masse du singulier. Au fil des ans, UO inaugure des dizaines de boutiques dans toute l’amérique et s’ouvre aux vêtements neufs et aux marques en vogue. La société crée même sa propre marque, puis des marques plus ciblées. En 1993, c’est l’entrée en Bourse puis, en 1998, le premier magasin européen, à Londres. Jeans, hoodies XXL, débardeurs et chaussures de skate s’écoulent sans effort. Pour entretenir sa patine subversive, l’entreprise commercial­ise des articles à connotatio­n politiquem­ent incorrecte, comme le « Ghettopoly » qui parodiait le Monopoly en le transposan­t aux ghettos noirs, ou divers T- shirts comportant des slogans à connotatio­n anticléric­ale, antisémite ou homophobe – le plus souvent retirés de la vente.

LES ANNÉES 2000 voient le streetwear perdre de sa superbe : UO s’adapte en se convertiss­ant au style sobre et fonctionne­l D’APC ou d’acne. Puis ses directeurs créatifs flairent le retour chez les hipsters du sportswear eighties et nineties via des marques comme Kappa, Fila, ou Ellesse. Soit exactement ce qu’ados et jeunes adultes plé- biscitent aujourd’hui. On peut aussi trouver chez UO des appareils photo vintage, des lampes design, du linge de maison qui ne ressemble pas du tout à celui de chez maman. Le prêt- à- porter devient ainsi du prêt- àvivre disponible dans un vaste espace qui, s’il offre d’infinies possibilit­és de se distinguer, semble néanmoins faire oublier les joies et les aléas de l’improvisat­ion et de la contreintu­ition qui souvent donnent à une tenue réussie sa saveur inimitable. Peut- être devrait- on rappeler à Urban Outfitters qu’ « un coup de dés jamais n’abolira le hasard » – le célèbre vers de Mallarmé qui pourrait d’ailleurs, paradoxe ultime, être gravé au fronton de ses boutiques.

 ??  ?? HOODIE CHAMPION POUR URBAN OUTFITTERS 80 € TOURNE   DISQUES PORTABLE 135 € CROSLEY POUR URBAN OUTFIT TERS T   SHIRT 69 € URBAN OUTFIT TERS x BOBBY ABLEY SAC BANANE 45 € KAPPA
HOODIE CHAMPION POUR URBAN OUTFITTERS 80 € TOURNE DISQUES PORTABLE 135 € CROSLEY POUR URBAN OUTFIT TERS T SHIRT 69 € URBAN OUTFIT TERS x BOBBY ABLEY SAC BANANE 45 € KAPPA
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APPAREIL PHOTO INSTANTANÉ POLAROID ORIGINALS 159 €
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Fondateur D’UO, ce bon vieux Richard Hayne emploie aujourd’hui 25 000 salariés.

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