QUELLE FASHION VICTIM ÊTES-VOUS ?
Vous n’avez rien vu venir. Tout à coup, votre cousin bedonnant aux vêtements moches et informes est devenu une icône de mode. Tout à coup, tout le monde est passé du slim à l’oversize. Tout le monde, sauf vous ? Faites le test.
VOUS POUVEZ METTRE votre Cheap Monday au grenier. Oui, le jean slim qui vous faisait ressembler à un morceau de charcuterie sous vide est bien mort. Apparu en 2005, ce vêtement qui rendait les silhouettes disproportionnées et laissait deviner votre trousseau de clés ( voire plus) aura marqué une décennie sous les auspices d’un revival rock qui semble aujourd’hui étrangement daté. Disons- le franchement : c’est une bonne nouvelle pour la circulation sanguine. Même si, pour aller de l’avant, la mode continue à rétropédaler, elle a désormais calé son horloge stylistique sur les années 1990, dont les différentes itérations streetwear envahissent les podiums. Coupes XXL, superpositions, revival de marques quasi disparues ( Umbro, Fila, Kappa), on a le sentiment que l’époque tout entière a embarqué dans la Delorean de Retour vers le futur. Inspiré par le hiphop et le skate, porté par de nouveaux créateurs hyper talentueux et souvent touche- àtout ( tels Virgil Abloh ou encore Francesco Ragazzi), le « staïle » ( comme dirait Cristina Cordula) semble animé d’un nouveau tropisme pour la rue. Pourquoi ? C’est très simple. Alors que la volonté de paraître a fini par assécher toute forme d’originalité, la rue, dans sa version la plus rugueuse, réussit à la fois à se maintenir à distance des préoccupations esthétiques et à en constituer l’épicentre ultime. Les combos les plus improbables qu’osent, sans le savoir, les SDF, les migrants, les door men, les ouvriers, constituent désormais le nec plus ultra des défilés en même temps que le sanctuaire d’une créativité fortuite et authentique dont rêve toute grande marque. D’où une étonnante convergence entre les univers de Balenciaga et de Guerrisol, dominée par un enfouissement de la structure du corps et une approche fonctionnelle du vêtement qui voit triompher la figure du « dadcore » . Inspirée du père de famille, cette silhouette que l’on trouvait il y a une décennie encore ridicule est devenue l’emblème d’un style qui tente de faire disparaître, sous le visage du banal, sa nature profondément formaliste. Dans un monde où le non- style est devenu l’horizon du style et où le sac banane figure un nouveau marqueur de cool, il est temps de réviser vos basiques avec ce test XXL.