ANNE BOUILLON
45 ANS
INSTALLÉE À NANTES depuis 2003, elle exerce comme militante féministe pour « faire coïncider les idées et les actes » , dit- elle. Dans les centaines d’affaires d’abus sexuels ou de violences qu’elle traite, elle organise la défense pénale, mais aussi des procédures civiles permettant d’obtenir l’éloignement d’un conjoint violent, par exemple. Bien avant la vague # Balancetonporc, elle a animé des actions collectives de sensibilisation avec le collectif Rafu, créé en 2015, comme le marquage symbolique des lieux où se sont déroulés des crimes et des violences sur les femmes à Nantes. Elle s’emploie à tempérer la vague de dénonciation sur les réseaux sociaux : « Que les femmes prennent la parole, c’est bien, mais cette expression désordonnée doit d’abord être adressée à la justice. » Elle a clairement pris ses distances avec les projets de réforme Macron allongeant les délais de prescription à plus de quarante ans et permettant de verbaliser un « outrage sexiste » , qu’elle voit comme « cosmétiques » et inopérants. Anne Bouillon s’est aussi beaucoup penchée sur d’autres victimes des violences sexuelles trop souvent oubliées : les prostituées. FAIT D’ ARMES: elle a obtenu 30000 à 150 000 euros du Fonds de garantie des victimes pour des prostituées victimes d’une traite et venues notamment du Nigeria : « C’est leur passeport pour une autre vie. » SIGNE PARTICULIER : avec son mari, également avocat, elle a plaidé en partie civile dans l’affaire du meurtre d’un éducateur qui s’interposait entre un conjoint violent et sa compagne, Géraldine Pallier. ELLE NOUS A DIT : « J’espère que les phénomènes de société qui frappent à la porte bousculeront cette vieille dame qu’est l’institution judiciaire. »