Jimmy Chin, l’homme qui immortalise les trompe- la- mort de la grimpe
Du plateau d’ennedi (Tchad) au Pic Pigeon canadien, visite des massifs les plus vertigineux du monde qui ont attiré quelques (rares) trompe-la-mort et le photographe Jimmy Chin. Portfolio à couper le souffle.
AU DÉBUT DES ANNÉES 1990, Jimmy Chin, 20 ans à peine, ne vit que pour la grimpe et parcourt les États- Unis en voiture ( qui lui sert aussi de lit), de parcs nationaux en monts rocheux et parois scabreuses. Un jour, le jeune homme originaire du Minnesota emprunte l’appareil d’un ami photographe venu le temps d’un week- end réaliser quelques clichés dans le Yosemite Park, à l’est de la Californie. Quelque temps plus tard, cet ami lui tend une poignée de dollars et lui avoue que les seules photos du reportage qu’il a vendues, sont celles... de Jimmy. Une vocation is born. Avec ce maigre butin, celuici s’achète son propre appareil photo. Dès lors, il documentera toutes ses ascensions. Et c’est ainsi qu’après des années d’expéditions ( et quelques- unes de vache maigre), son trava i l photographique unique est récompensé par des publications dans les magazines d’aventure les plus prestigieux, tels que National Geographic dont il devient, à partir de 2003, un collaborateur-explorateur régulier. La touche Chin ?
Des images où l’homme apparaît chaque fois inf iniment petit dans une nature majestueuse, Jimmy Chin s’ingéniant à représenter l’insignifiance de l’humain face à la puissance sauvage de la montagne. Un credo qui trouve son climax en 2011, lorsqu’avec les alpinistes Conrad Anker et Renan Ozturk, Jimmy Chin gravit le Meru ( prononcez mérou, comme le poisson), un sommet himalayen dont le pic central culmine à 6 310 mètres d’altitude par la voie de l’aileron de requin ( « The Shark’s Fin Route » ) , le parcours le plus difficile et le plus dangereux du monde sur lequel les grimpeurs les plus aguerris se sont cassé les dents. Le trio, pourtant expérimenté, ferraille avec les pires conditions d’ascension ( météo dantesque, éboulements, pénurie de nourriture...) et échappe de justesse à la mort ( « J’étais convaincu à 100 % que j’allais y passer » , confie- t- il). Un périple dont Jimmy Chin a fait un chef d’oeuvre de suspens et d’aventure : le film Meru, considéré comme le meilleur film d’escalade selon les grimpeurs professionnels, lui vaudra le prix du public au festival Sundance de 2015. Son prochain film, Freesolo, avec Alex Honnold, sortira début octobre. Ainsi continue de s’écrire la légende de Jimmy...