GQ (France)

TADAO ANDO, LE MAÎTRE DU ZEN

Des formes simples en matériau brut, de l’eau, de la lumière... l’oeuvre de l’architecte Tadao Ando est à (re)découvrir au Centre Pompidou.

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LA PREMIÈRE FOIS qu’il est arrivé en France, en 1965, à bord du Transsibér­ien, il débarquait de son Osak a natal pour rencontrer Le Corbusier, dont il a vait découvert le génie. Coup du sort : à son arrivée, il apprend sa récente disparitio­n. Et aujourd’hui, c’est pour lui qu’on traverse des continents ! Tadao Ando, petit homme de 77 ans à l ’ oeil rieur, est une star au Japon, une légende de l ’ architectu­re gratifiée de multiples prix, dont le Pritzker, avec pas moins de 300 projets au compteur. Et si le Centre Pompidou lui consacre une exposition – qu’il a lui- même scénograph­iée –, c’est parce que sa quête s’accorde parfaiteme­nt aux préoccupat­ions de l’époque : le bien- être et le vivre- ensemble.

COMME SON MENTOR, il utilise du béton brut pour façonner des cubes ou des sphères qui s’acoquinent de savants jeux d’ombre et de lumière. Son défi : modifier notre perception de l’espace. Car pour lui, l ’ architectu­re est une expériment­ation. Et alors que, dans les années 19 70, ses confrères ne juraient que par les bâtiments publics, lui s’intéressai­t aux habitats plus modestes. « Luttant contre la dépossessi­on des villes par sa Guerilla House, il renouait avec les valeurs primitives de l’homme à son habitat » , détaille Frédéric Migayrou, commissair­e de l’exposition. Mais son architectu­re se veut avant tout humaniste. Son mantra ? « Accueillir la joie de vivre des hommes. » Son instrument ? La lumière naturelle, comme dans sa maison Azuma, à Osaka, avec sa vaste cour intérieure chauffée par les rayons du soleil. « Influencé par les Gutaï, des performeur­s qui valorisent le corps, il repense, dans cet espace minimalist­e qui invite à la méditation, notre rapport à l’espace et au corps » , poursuit le commissair­e. C’est que Tadao est un visionnair­e. Notamment, lorsque, dans les années 1990, il s’ attelle à la conception du musée d’art moderne de Fort Worth, au Texas, qui, réalisé en 2002, le fera connaître dans le monde entier. Abolissant les frontières entre l’architectu­re et la nature, il façonne les territoire­s, au point de transforme­r Naoshima en une île- musée, avec ses bâtiments enterrés et ouverts sur le ciel.

IL Y A AUSSI ses églises qu’il érige, en réconcilia­teur, car l’architectu­re est aussi une histoire de spirituali­té. Il raconte qu’en visitant des édifice s romans, il aurait perçu que la lumière était le seul espoir et le symbole de la communauté. Son oeuvre la plus bluffante ? Sa Colline de Bouddha ( photo), dans la région de Sapporo au nord du Japon. À expériment­er au sein d’une reproducti­on à côté des autres projets présentés. On comprend pourquoi François Pinault a pensé à lui pour la Bourse de commerce qui accueiller­a sa fondation en 2019.

TADAOANDO, LE DÉFI, DU 10 OCTOBRE AU 31 DÉCEMBRE AU CENTREPOMP ID OU( PARIS ).

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Dans la région de Sapporo, au nord du Japon, Tadao Ando a imaginé la Colline de Bouddha, magistral temple zen.

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