AUTOMOBILE Le dossier spécial salon de l’auto de Paris.
À l’occasion du mondial auto/moto à Paris (du 4 au 14 octobre), GQ met les pneus dans le plat. Critiquée, conspuée, la voiture continue malgré tout d’offrir des joies incomparables. Voici les dix raisons qui font que l’automobile est (encore) un plaisir.
L’ ANNÉE 2018 sera une nouvelle fois record pour l’automobile : la neuvième consécutive en termes de production. Après les 96,7 millions de véhicules neufs assemblés en 2017, la planète devrait dépasser le cap des 100 millions cette année. Pourquoi une telle croissance ? Pour équiper la Chine, qui a elle seule achète 30 % des voitures du monde, soit autant que les États- Unis et l’europe réunis. D’où ce grave problème : si toutes les nouvelles puissances mondiales décident de s’équiper à hauteur de l’europe et des États- Unis, l’air deviendra rapidement irrespirable – d’aucuns disent qu’il l’est déjà. Le risque de saturation et de congestion généralisée oblige donc à prendre des mesures drastiques, comme à Paris et inévitablement, bientôt, dans d’autres grandes agglomérations françaises : restriction de circulation, réduction de la limitation de vitesse, surtaxe des véhicules polluants, mais aussi développement de nouvelles motorisations, électrique et hybride, ou de systèmes de mobilité plus doux pour l’environnement ( autopartage, covoiturage, location entre particuliers…).
UN AUTRE BON MOYEN de réduire les bouchons, générateurs de pollution, pourrait naître de la conduite autonome des voitures qui, connectées entre elles, anticiperaient les ralentissements et réguleraient mieux la circulation. Cette perspective semble convaincante sur le papier, puisque tous les constructeurs planchent actuellement sur le sujet, mais c’est sans compter sur le nombre incalculable de paramètres encore incontrôlables ( marquage au sol effacé, motard qui déboîte, refus de priorité…). Aussi incontrôlable qu’une dame qui déciderait inopinément de traverser une rue de nuit en poussant son vélo devant elle, au moment précis où une voiture autonome en phase de test de la société Uber passe par là… True story. Rassurons- nous, le jour où toutes les autos se transformeront en navettes automatiques est encore loin : il reste donc de quoi se faire plaisir en montant dans une voiture « normale » . La satisfaction de se déplacer où et quand on le veut, la joie d’écouter le bruit d’un moteur V8 ou le plaisir d’admirer les belles courbes d’une carrosserie. Sans compter la fierté d’être enfin propriétaire de quelque chose. En 2018, la voiture s’affirme comme un objet de frime et de réussite sociale autant que comme fétiche, à collectionner amoureusement. Si le marché des Youngtimers, les voitures anciennes- récentes, explose, les ventes aux enchères de voitures classiques ne sont pas en reste. Certes, le record ( 70 millions de dollars pour une Ferrari 250 GTO, annoncé en juin dernier), est encore loin du tableau Salvator Mundi de Léonard de Vinci ( 450 millions de dollars). Mais comme pour une toile de maître, les constructeurs de voiture de prestige proposent maintenant des copies conformes de leurs bolides les plus recherchés, à l’image de l’aston Martin DB5 de James Bond ou la Jaguar type E Lightweight.
ALORS QUE S’OUVRE le salon automobile de Paris ( rebaptisé Mondial Paris Motor show), i l reste donc le plaisir – que même Anne Hidalgo, maire de Paris et cible favorite des pro- voitures virulents, ressent parfois, comme elle le révèle dans notre interview ( lire page 85). Faut- il encore craquer son PEL pour la voiture de ses rêves ? Oui. La preuve, avec ces dix bonnes raisons commentées par Thomas Morales, journaliste et écrivain qui vient de publier Éloge de la voiture ( Éditions du Rocher), un livre un peu nostalgique mais qui se veut le témoignage sincère et documenté d’un véritable amoureux de l’automobile. Alors oui, à GQ, on aime encore la voiture. Voici pourquoi.