MÉDIAS Le grand palmarès de la rentrée.
Encore un classement de personnalités influentes ? Absolument pas. Voici notre palmarès des journalistes, chroniqueurs, producteurs qui nous ont épatés, fait rire ou intrigués cette année.
JOURNALIST E S , présentateurs, producteurs, décrypteurs d’infos, patrons de radio, chroniqueurs, Youtubeur, directeur des programmes… GQ a sélectionné trente professionnels reconnus dont l ’ année 2018 a été un franc succès. Ils composent un « palmarès » qui n’a d’autre prétention que de saluer leur travail, leur présence médiatique ou leur éclosion. Ils s’imposent avec l’émergence de nouveaux médias, de nouveaux supports et d’un rapport à l’information en mouvement perpétuel. Chacun dans leur domaine. Ils enquêtent comme Fabrice Arfi (Médiapart), Hugo Clément (Konbini), sont blogueurs comme Nicolas Simoes, in - fluenceurs comme Philou Sport ou Youtubeurs comme Pierre Croce. D’autres ont construit leur succès via les réseaux sociaux dont ils ont fait un canal d’information ( Fidji Simo, Facebook), inventent de nouvelles « formes d’écritures » ( Guillaume Lacroix, de Brut) ou une façon de décrypter et comprendre l ’ information ( Samuel Laurent, « Les Décodeurs » du
Monde). Enf in, il y a les h yperactifs, chroniqueurs multi- supports, comédiens ou réalisateurs, un peu écrivains et/ou twittos de talent : Loïc Prigent, Guillaume Meurice, Nora Hamzawi… Et puis il y a les autres, ceux qui continuent de faire vivre et évoluer le journalisme à l’ancienne. Malgré les secousses actuelles et celles qui s’annoncent, ils sont fidèles au poste. Ceux de la télé comme Élise Lucet, dont les combats vont jusqu’à la sauvegarde des émi ssions d’information dans sa pr opre maison France Télévisions. Elle est cash aussi quand sa direction annonce de nécessair es économies sur les magazines. Dont « Envoyé Spécial » , 28 ans cette année, où travaille Tristan Waleckx, le prix Albert Londres 2017, por te- drapeau malgré lui d’un jour - nalisme toujours plus soumis à la pression des puissants et désormais encadré par une loi plus qu’inquiétante sur « le secret des affaires » . L’auteur de Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien a remporté les différents procès intentés par le patron de Vivendi. Cette fin d’année 2018 s’annonce agitée. La réforme de l’audiovisuel public promet d’être musclée ( 500 à 800 millions d’euros d’économies). Pour France Télévisions comme pour Radio France, désormais dirigée par Sibyle Veil. Une année 2018 encore difficile pour la presse écrite en pleine révolution numérique. Elle a vu notamment le groupe Lagardère céder la plupart de ses titres, dont Elle, à un milliardaire tchèque, Daniel Kretinsky. On a cru à un possible printemps des magazines avec le lancement de deux hebdos bien décidés à r enouveler le genr e. Mais
Ebdo, le premier, ne publiera que onze numéros, dont la vr aie- fausse révélation sur Nicolas Hulot. Vraiment, le second, t iendra sept numéros. L’avenir passe sans doute par de nouveaux modèles et supports. Les podcasts cartonnent, la vidéo explose et les canaux alternatifs se développent. Au milieu de toutes ces interrogations, et de la défiance persistante à l’égard des médias ( entretenue par Emmanuel Macron notamment), il reste une certitude : il faudra toujours des journalistes pour r aconter, donner à lire, entendre et voir. C’est l’essentiel.
« J’ai refusé le poste de directrice de l’information trois fois. » ÉLISE LUCET
les autres. « Je suis une journaliste qui fait son boulot » , revendique pour sa part la boss de l’investigation à France Télé. Elle assume aussi les mi ses en scène où elle apostrophe les puissants. Mais refuse d’être réduite à cela. D’autant que ça la poursuit. Jusque dans les rayons d’un magasin où elle faisait du shopping avec sa f ille : « Tous les vendeurs et agents de sécurité stressaient et regardaient partout pour savoir où étaient les caméras. » Ou au r estau : « J’ai vu des PDG présents dans la salle changer d’un seul coup d’attitude en me voyant arriver. » L’exprésentatrice du 13 heures ( France 2) et du 19/ 20 ( France 3) reste une journaliste à part entière et réfute l’idée de se mettre en scène. « Lucéfer » , son surnom à l’école à Rouen, fait un buzz d’enfer et continue de défendre « le journalisme originel » .
« Il n’y a pas les cow- boys de l’info d’un côté et les autres. Il y a les journalistes… » FABRICE ARFI