GQ (France)

LE CLASSIQUE Il était une fois la veste workwear.

Chaque mois, GQ revient sur une pièce classique du vestiaire masculin. Aujourd’hui, la veste workwear.

- Par Géraldine Sarratia

CE QUI FAIT LA VALEUR d’un vêtement ? Sa coupe, ses matières, sa « tenue » , pourrait- on répondre. Souvent mais pas toujours. Ce qui noue vraiment notre attachemen­t à un vêtement, c’est l’histoire, le scénario, inscrit presque dans ses f ibres, qu’il charrie. La veste workwear, qui fait son grand retour depuis quelques saisons, s’affichant tant sur les catwalks ( comme au défilé Vetements, en 2016) que dans les rues, en est le parfait exemple.

ELLE APPARAÎT vers les années 1800 et est, à l’origine, portée avec des pantalons assortis par des travailleu­rs des classes populaires : les laboureurs, les fermiers, les pêcheurs à la ligne ou ceux qui, plus tar d, travailler­ont le long des voies de chemin de f er. Elle est r econnaissa­ble à sa couleur bleue ( le noir étant lui à l ’ époque réservé aux charpentie­rs), à sa r obustesse, son coton souple et mou. Sa résurgence actuelle sur les dos des jeunes urb ains ( et urbaines, la tendance étant gender- fluide), apparaît donc comme un antidote à l’époque : sa rapidité, sa férocité, son libéralism­e, sa f lexibilité. Dans nos vies digitales, dé - matérialis­ées, en proie à une refonte totale de la concep - tion du travail et de ses modes d’exercices, désormais plus CDD que CDI, la veste workwear vient en effet dire le désir de filiation à un monde ancien. Un univers physique, masculin, rur al et ouvrier dans lequel la main a vait encore le pouvoir de transforme­r le monde qui l ’ entoure.

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