GQ (France)

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EPTEMBRE 2018 , Paris 13e. Au Musée de la mode et du design se bousculent les dévots. Tous ont l’espoir d’acquérir une relique : un exemplaire de l’un des quatre tapis dessinés par Virgil Abloh pour le géant de l’ameublemen­t suédois, Ikea. Un beau résumé de la portée inédite du travail de ce designer noir américain diplômé en arc h i - tecture et en gén i e c i v i l , né en 1980 e t nommé en mars dernier d i re c te u r ar t i stique de la ligne homme de L ouis Vuitton. Ce – grand – garçon ultra- branché et ouvertemen­t populaire, proche de Kanye West dont il fut le collaborat­eur, occupe à lui tout seul sa propre niche. Virgil Abloh décline son talent d’autodidact­e sur des supports aussi variés qu’un set de DJ, une collection de tapis, celles de sa marque Off-white – dont les collaborat­ions avec Nike rendent dingues les collection­neurs de sneakers – ou encore des smoothies vendus au Bon Marché. Abloh, c’est trois millions de followers sur Instagram et une communicat­ion intensive. Le r oi de la collab’ est p artout, tout le temps. Sa nomination par le PDG de Louis Vuitton, Michael Burke, promettait une petite révolution culturelle, un changement de repères esthétique­s et sémantique­s dans le monde très bordé du luxe. Quasi inconnu il y a six ans à peine, Abloh était attendu au tournant de son premier défilé en juin dernier. En organisant un show démocratiq­ue aux couleur s LGBT dans les jardins du Palais- Royal, il a offert à LVMH un souffle de cool, retourné la planète mode et challengé la concurrenc­e. GQ l ’ a rencontré lors de ses préparatif­s. Le style Abloh

CRÉATION À L’HORIZONTAL­E

« La porte de mon bureau est toujours ouverte, il n’y a pas de hiérarchie. Les gens n’ont pas à me demander la permission s’ils veulent me dire quelque chose, ils peuvent entrer sans frapper. Nous formons une équipe, vous savez. Il se trouve juste que j’ai réali sé une série de choses qui m’ont donné la possibilit­é de me trouver à la tête de tout ça, et que j’assume donc cette responsabi­lité de meneur. »

UNE FAMILLE EN OR

« Bernard Arnault et la famille Vuitton m’ont fait l’honneur de m’adopter et je les en remercie infiniment. Ils ont regardé mon travail et se sont rendu compte de son potentiel. Ils ont compri s que ce que je faisais pouvait les emmener vers un terrain totalement nouveau pour eux, très différent de leur univers. Ils ont saisi que les gens allaient parler d’eux autrement, que ça allait donner à la marque une image toute neuve, une place inédite dans la mode d’aujourd’hui. Cette rencontre entre Vuitton et moi a quelque chose d’unique dans le paysage actuel de la création : elle révèle beaucoup de choses de notre époque. Elle me rend optimiste, me fait espér er que no tre monde va peu à peu devenir un endroit plus tolérant, plus ouvert à la diversité. »

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