Au coeur des abysses avec le projet Five Deeps.
L’agence Magnum a suivi l’expédition Five Deeps lancée par Victor Vescovo, un riche aventurier américain obsédé par les fonds marins et qui a conçu une capsule pour visiter les cinq océans.
Victor Vescovo a 53 ans, il a travaillé pour le renseignement américain au Kosovo et aux Philippines, puis fait fortune dans le capital-risque. Ce Texan a aussi toujours aimé piloter : les avions, les hélicoptères, et autres machineries peu aisées à manoeuvrer. Il est surtout animé par ce qu’il nomme « la compulsion irrésistible » de tenter les expériences les plus extrêmes, dans laquelle il voit « la meilleure façon de lutter contre la mortalité ». Il a d’abord visé les hauteurs et les glaces, en gravissant les plus imposants sommets du monde et en traversant l’Arctique et l’Antarctique à ski. Puis, voici quelques années, il s’est intéressé aux océans en s’apercevant que les fonds marins étaient encore relativement peu explorés. Et qu’il n’existait aujourd’hui aucun appareil digne de ce nom pour arpenter les abysses. Alors en 2014, Vescovo contacte la société Triton Submarines, basée en Floride et jusqu’ici spécialisée dans les submersibles de luxe. Son plan est simple : fabriquer un petit sous-marin qui irait se poser sur le sol des cinq océans, à chaque fois en son point le plus profond. L’expédition est baptisée « Five Deeps ».
Les choses se révèlent vite très compliquées. Pour commencer, il y a la fabrication du submersible, appelé le Limiting Factor : « Notre mission, c’était de construire quelque chose qui n’avait jamais existé, avec des pièces et des matériaux qu’on avait jamais utilisés », résume le designer, John Ramsay. Les tests en mer se soldent par des ratés (système électronique défaillant, imperméabilité douteuse, bras articulé défectueux, bateau vétuste) et les conditions de sécurité ne sont toujours respectées par les techniciens, aux profils plus proches de ceux d’ex-braqueurs que d’ingénieurs en construction navale. Mais au bout de quatre ans d’efforts acharnés, Vescovo est venu à bout de son objectif. Il a littéralement touché le fond de l’Atlantique, du Pacifique, de l’océan Indien, de l’Antarctique et pour finir de l’Arctique, où il a pu en chemin observer l’épave du Titanic. Le Texan ne fait pas que ça pour l’adrénaline : il a rapporté moult échantillons de ses descentes. Si incroyable que soit son exploit, ses camarades ont fini par s’y habituer. « Lors de ma dernière remontée à la surface, ils étaient tous partis déjeuner ! À croire que pour eux, c’est devenu aussi banal qu’un aller-retour en Zodiac ! » L’histoire ne dit pas s’il leur a reproché leur profonde ingratitude...
POUR SUIVRE LES PROJETS DE THE FIVE DEEPS EXPEDITION, RENDEZ-VOUS SUR LE SITE FIVEDEEPS.COM