GQ (France)

Umit Benan, créateur audacieux, cinéphile et gominé.

- PAR OLIVIER LALANNE.

Alchimiste d’une allure italo-orientale imparable, le créateur Umit Benan est un intégriste de la qualité. Son allure personnell­e ? Un geyser d’audaces mêlées et maîtrisées : pyjamas le jour, soie imprimée, lunettes noires H24, costard blanc comme à Cuba… La classe, en somme.

ÀQUAND REMONTE ta passion pour les vêtements ? Tout petit, déjà, j’adorais ça: je piquais les chemises de mon père pour aller à l’école. Le vrai déclic, ça a été New York. Je suis arrivé là-bas, j’avais 24 ans, et j’ai découvert ce que c’est que la liberté d’expression. En rentrant chez moi un soir, j’ai croisé un type qui faisait son jogging en lingerie rose – panty et soutien-gorge – sans que ça ne choque personne. J’ai commencé à être plus audacieux, à porter par exemple des pyjamas sous un manteau. C’est à ce moment que j’ai trouvé mon style, comme on dit. Justement, comment définirais-tu ton style ?

Spontané. Très lié au langage du corps et à la confiance en soi. L’hiver, la silhouette est longue, confortabl­e, avec beaucoup de superposit­ions, un peu clochard. L’été, c’est plus Cuba. Je suis obsédé par Cuba. Des costumes en lin blanc sur des chemises en soie. Quels sont les basiques de ton vestiaire ?

Un manteau en cachemire couleur tabac de la ligne Umit Benan B+. Je l’ai baptisé « Umit ». Je le porte tous les jours depuis six mois. Des bas de pyjamas en coton et soie. Et des hoodies en cachemire.

Je t’ai souvent vu en caftan ? Oui mais pas les caftans sophistiqu­és de la jet-set de Marrakech, type Salvadore Dali. Moi c’est le caftan des types du souk. C’est la première chose que j’enfile le matin, en été. Où t’habilles-tu ?

Je ne fais plus de shopping chez les soi-disant grandes marques de mode depuis 2008, date à laquelle j’ai lancé ma marque. Je m’habille essentiell­ement en Umit Benan. À côté de ça, j’achète pas mal de sportswear: The North Face, des baskets Nike et quelques hoodies casual sur Venice Beach. Et je collection­ne du vintage Hermès, Gianfranco Ferré et Romeo Gigli. J’ai environ cent vingt pièces Hermès, essentiell­ement des blousons de cuir et des manteaux, mais je ne les porte jamais.

Ton uniforme pour le red carpet ? Un smoking col châle noir Umit Benan B+ sur une chemise de smoking avec des vieilles bottes en cuir marron usées. La nuit, tu dors nu ?

Jamais. J’ai horreur de ça, ce qui a d’ailleurs donné lieu à une grosse engueulade avec ma copine. J’ai besoin de sentir quelque chose sur ma peau. Un pyjama en coton, par exemple. Qu’est-ce que tu ne porteras jamais ?

Tout ce qui est moulant ou transparen­t, en général. Et un maillot de bain Speedo en particulie­r.

Tu as pas mal de bijoux ?

Oui, des boucles d’oreilles, des bracelets, des bagues, pour la plupart Chrome Hearts. Je mélange pas mal l’or et l’argent. J’ai aussi un bracelet Love de Cartier que mon père avait offert à ma mère.

Quelle est ta routine beauté ? Je n’en ai pas. Elle se limite à la douche. Je n’ai jamais mis une crème de ma vie. Juste une goutte d’huile parfois sur les cheveux pour qu’ils aient l’air un peu sales. Et un peu de parfum, Fumerie Turque de Serge Lutens. Tu fais du sport ?

Tout ce qui implique une raquette: tennis, squash, ping-pong. J’adore le foot aussi, mais c’est difficile de trouver dix à quinze types de mon âge pour jouer aujourd’hui...

Tu as des modèles de style qui t’ont influencé ?

Les hommes qui me viennent à l’esprit m’inspirent plus pour la confiance qu’ils ont en eux, leur attitude, leur personnali­té que leur allure. Pablo Picasso, Julian Schnabel, Aristote Onassis, Johnny Depp, Andy Garcia… Je crois que je suis au fond presque plus inspiré par les héros au cinéma. Serpico de Sidney Lumet, par exemple. Quels sont les trois basiques qu’un homme devrait avoir dans son dressing ?

Un bon jean, une chemise ou un T-shirt blanc et un manteau en cachemire. C’est quoi l’élégance ?

C’est parvenir à être soi, sans artifices. Un mélange de naturel, de spontanéit­é et de confiance en soi.

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