TRAJECTOIRE D’UNE ICÔNE
À l’heure où Porsche et TAG Heuer signent un partenariat historique, retour sur le mythe qui se cache derrière l’un des modèles iconiques des deux marques.
TOUT COMMENCE le 5 mai 1950, sur une route qui traverse le Mexique du nord au sud, reliant Juarez à Cuauhtémoc, près de 3400 kilomètres plus bas, une route qu’Hershel McGriff et son Oldsmobile parcourent en à peine plus de 27 heures 30, en neuf étapes et six jours. C’est la première course panaméricaine : la Carrera Panamericana, en espagnol dans le texte. Un incroyable défi humain et mécanique auréolé du prestige de l’aventure, d’un exotisme du bout du monde : de quoi devenir instantanément un véritable mythe du sport automobile. Un statut de légende auquel la course accède en cinq ans seulement et un arrêt brutal ; l’édition de 1955 n’aura pas lieu : les 84 morts des 24 Heures du Mans ont sonné l’arrêt des courses trop dangereuses et la Carrera Panamericana s’était tristement illustrée dans ce domaine aussi. Mais à ce moment-là, Porsche, qui avait réalisé un très bon temps lors de l’édition de 1954 avec une 550 Spyder (la voiture de James Dean), s’apprête à sortir un modèle en référence à la défunte course mexicaine : un moteur de 100 chevaux, taillé pour la compétition, qui équipe une série de 356. Ces 700 exemplaires produits entre 1955 et 1957 sont les premières Porsche à porter le nom « Carrera » que l’on retrouvera ensuite sur d’autres modèles « pour les variantes de moteurs les plus puissantes, comme la 911 Carrera RS 2.7 », explique-t-on chez le constructeur, jusqu’à ce que d’autres appellations détrônent « Carrera » dans la sémantique du haut de gamme, comme « turbo », par exemple, en 1974. De son côté, Jack Heuer est horloger, arrière-petit-fils du fondateur. Sa passion ? La mécanique. Et tout ce que ça implique : la performance, le défi, la compétition. La marque est très liée au sport automobile, si bien que, lorsqu’en 1963, elle propose un chronographe qui se veut suffisamment lisible pour ne pas déconcentrer les pilotes en pleine course, elle cherche un référent dans le monde de la compétition. Pour Jack Heuer, comme pour Ferry Porsche, les ressorts sont les mêmes : la Carrera Panamericana est le plus prestigieux et le plus aventureux des rallyes (le Paris-Dakar n’existe pas encore).
Partenariat à 360°
Depuis, nos Carrera ont bien évolué… Elles sont devenues plus fortes que leur référent. Certes, la Panamericana a repris du service depuis 1988 et jouit toujours d’un fort prestige dans le milieu des courses. Mais rien de comparable avec l’icône des porschistes « qui est presque devenu un synonyme de la série des modèles 911 », constate-t-on chez Porsche, ni avec l’un des best-sellers de Heuer, renommé entre-temps TAG Heuer et racheté depuis par LVMH.
Elles s’unissent aujourd’hui autour d’un partenariat de très grande ampleur qui multipliera les projets communs dans le domaine de l’automobile bien sûr, mais aussi du golf et du tennis. « Au-delà du partenariat sportif, explique Frédéric Arnault, PDG de TAG Heuer, nous avons souhaité que ce partenariat soit à 360° et qu’il s’inscrive dans la durée, avec la volonté de montrer quels produits uniques et exceptionnels peuvent être créés lorsque l’expertise de Porsche et de TAG Heuer est réunie. Le premier exemple de cette expertise mise en commun est l’édition spéciale TAG Heuer Carrera Porsche Chronographe. » Un modèle qui reprend les codes des deux marques, pour la première fois nommées sur une même montre, et multiplie les références à l’univers automobile. Pour le tout jeune président (26 ans au cadran), ce partenariat né d’un passé commun est avant tout lié à une vision du futur : « Au-delà de l’histoire, ce partenariat me tenait à coeur aussi par ses aspects tournés vers l’avenir : le fait que la marque Porsche investisse beaucoup dans les technologies du futur, cherchant toujours à parler aux nouveaux clients et aux nouvelles générations. C’est ce rapport à la modernité et à la technologie qui me parle beaucoup également. »