Les super-yachts les plus dingues au monde.
Dans la course des super-yachts à laquelle se livrent les milliardaires de tous ports, il ne suffit plus d’avoir la plus grosse coque : désormais élégance, technologie et vertu sont les valeurs briguées par ces géants des mers acquis à coups de centaines de millions de dollars. Et les grands vainqueurs sont…
LE BLACK PEARL : le plus sobre
Non, ce trois-mâts à la coque et aux voiles noires n’est pas le galion de Jack Sparrow, mais il y a un peu de magie en lui. Plus grand voilier du monde, à 106 m de long, il ne demande que six minutes à une personne pour déployer les 2 900 m2 de ses quinze voiles. Son secret, ce sont ses mâts rotatifs DynaRig en carbone de 67 m de haut, dont les vergues rigides sont placées de façon à ce qu’il n’y ait pas le moindre trou dans lequel l’air pourrait s’engouffrer entre les voiles, qui agissent ainsi comme un unique plan aérodynamique pouvant être orienté dans n’importe quelle direction, permettant au Black Pearl de remonter le vent. Grâce à son système de récupération de l’énergie, le Black Pearl produit de l’électricité lorsqu’il navigue à la voile, seuls 20 litres de carburant sont nécessaires pour traverser l’Atlantique, dans un décor d’inspiration Louis XVI qui peut accueillir 12 passagers.
LE SEA EAGLE II : le plus high-tech
À 81 m, c’est le plus long voilier de croisière au monde à coque en aluminium, alors que son safran est le plus grand jamais réalisé en carbone. L’Agence Spatiale Européenne a collaboré au projet, en partageant sa méthode d’ingénierie simultanée permettant aux différents corps de métiers de travailler ensemble à la conception de ce navire ultra-léger. Technologique, la goélette reste élégante avec sa coque à étrave droite, dessinée au gabarit du Canal de Panama : culminant à 62 m, ses mâts en carbone assemblés d’une pièce se glissent à quelques centimètres du tablier du Pont des Amériques, qui clôture le canal côté Pacifique.
LE A : le plus instagramé
Philippe Stark s’était promis de ne jamais dessiner de yacht : trop vulgaire ! Avant qu’on ne lui propose de concevoir le Wedge Too de 2002. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts : il y a eu le Venus commandité par Steve Jobs, mais aussi le duo des « A » pour l’oligarque russe Andreï Melnichenko. D’abord, le yacht à moteur A, en 2004, à l’incroyable étrave inversée, puis le voilier A en 2015. Ce monolithe triangulaire argenté, aux fenêtres invisibles et aux trois mâts incurvés, hypnotise tous les regards. Avec 143 mètres de long et trois mâts culminant jusqu’à 110 m, le A est aussi équipé de baies d’observation sous-marine.
LE REV OCEAN : le plus vertueux
En 2021, le chic est dans la vertu. Si avec ses 182,9 mètres de long, le Rev Ocean du milliardaire philanthrope norvégien Kjell Inge Røkke est le yacht le plus long au monde, c’est par sa mission qu’il a décidé de marquer les esprits : « faire que les océans redeviennent sains ». Avec ses trois laboratoires (biologie, micro-biologie et géologie), ses chaluts scientifiques, ses sonars, son sous-marin pouvant descendre à 2300 m, le Rev Ocean II n’en oublie pas le luxe : ses trois piscines attendent les touristes millionnaires dont les frais de location subventionneront le séjour des 55 scientifiques embarqués en mission à son bord.
LE CHRISTINA O : le plus glamour
Construit durant la Seconde Guerre mondiale pour la lutte sous-marine au sein de la Marine Canadienne, rien ne prédisposait le HMCS Stormont à ce destin glamour... jusqu’à ce que l’armateur grec Aristote Onassis n’en fasse le yacht le plus en vue de son époque. La liste de ceux qui ont séjourné à bord du « Pénis le plus large au monde » (comme l’appelait Onassis : 99 m) a tout de l’annuaire du gotha des années 1950 et 1960 : Maria Callas, Marlène Dietrich, Greta Garbo, Cary Grant, John Wayne, Ava Gardner, le Roi Farouk d’Égypte, Sir Winston Churchill, Richard Burton et Elizabeth Taylor, John Fitzgerald et Jackie Kennedy…
L’ECLIPSE : le plus parano
Être un oligarque, c’est aussi vivre dans la paranoïa engendrée par les purges poutiniennes. Et à ce petit jeu-là, le roi, c’est Roman Abramovich, à la tête d’une véritable flottille couronnée par l’Eclipse. Le plus grand yacht du monde à sa sortie (162,50 m) est le plus cher de tous les temps avec un prix estimé entre 500 millions et un milliard d’euros. L’exilé russe peut y dormir sur ses deux oreilles, derrière son blindage pare-balles et son système anti-missiles. Il dispose même d’un sous-marin et d’une vingtaine de jet-skis. Son futur joujou, le Solaris (140 m), doté d’un système anti-drones et d’une panic-room, est en chantier.
LE SS DELPHINE : le plus ancien
À son lancement en 1921, commandé par le magnat de l’automobile Horace Dodge, le SS Delphine était le plus grand yacht américain, et aujourd’hui c’est le dernier des grands yachts à vapeur encore en activité. Ce n’est pas une mince affaire : quand une pièce de son système de propulsion lâche, il n’y a nul autre choix que de la faire refabriquer. Son propriétaire, Jacques Bruynooghe, a déboursé 45 millions d’euros pour restaurer ce yacht habitué à naviguer le long des Grands Lacs et dans les eaux chaudes des Caraïbes durant les fastes Années Folles, et sur lequel Roosevelt et Churchill auraient préparé les accords de Yalta.
LE FLYING FOX : le plus sportif
Quatre millions de dollars : voici la somme qu’il vous faudra débourser pour passer une semaine à bord, et à ce tarif, le Flying Fox ne fait pas dans la demi-mesure. À commencer par sa piscine, la plus grande jamais installée en position transversale sur un yacht. Avec plus de 12 m de long, elle peut être divisée en deux par une cloison électrique permettant d’alterner entre eau douce et salée, chauffée et fraîche. De quoi se mettre en condition avant de profiter de ses installations de plongée, comprenant un caisson de décompression pour descendre jusqu’à 100 m sous la surface de la mer, puis d’aller recharger vos batteries dans sa salle de cryothérapie. L’hélicoptère est compris dans le prix, et vos amis pourront profiter du second helipad pour venir par leurs propres moyens. Avec de la place pour 25 passagers, il ne restera plus, devant l’addition, qu’à lancer à la cantonade : « Alors, on partage ? »