MARIE CLAIRE DAVEU
Grâce à elle, le géant Kering s’engage sur la voie d’un avenir plus durable.
MARIE CLAIRE DAVEU s’est donné une mission. “Ce que je veux, c’est faire changer le paradigme mondial, dit-elle. Mais comme nous ne pourrons y parvenir seuls, nous privilégions une approche collective.” Directrice du développement durable et des affaires institutionnelles internationales chez Kering, le groupe propriétaire de Balenciaga, Gucci ou Alexander McQueen, elle se doit en premier lieu de montrer l’exemple : “L’industrie du luxe et la durabilité doivent aller de pair, dit-elle. Nous avons donc établi une gouvernance claire : la durabilité est au premier plan de tout ce que nous faisons.”
Ancienne directrice de cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet avant d’être engagée par François-Henri Pinault en 2012 pour s’attaquer à l’impact environnemental de la mutinationale du luxe, Marie-Claire Daveu a eu un effet décisif sur le mode de fonctionnement de l’entreprise. En 2012, Kering a lancé son outil EP&L (pour Environmental Profit & Loss), qui mesure les émissions de carbone, la consommation d’eau, la pollution de l’air et de l’eau, ainsi que la production de déchets sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise, de manière à ce que l’impact environnemental de l’entreprise soit rendu visible et quantifiable. “Grâce à l’EP&L, nous avons pu mettre en oeuvre des changements dans toute l’entreprise, affirme Marie-Claire Daveu. Nous avons pris en compte nos matières premières, du coton que nous utilisons à la provenance de notre cuir, mais aussi ce qu’il advient d’un produit à la fin de sa vie.”
Si l’un des tout premiers objectifs de Marie-Claire Daveu aura été de s’attaquer aux déchets de production excédentaires grâce à des programmes de recyclage et d’upcycling, elle est aujourd’hui résolument tournée vers l’avenir. Kering a ainsi récemment fait partie des investisseurs qui ont permis à Vitrolabs, entreprise de San Francisco qui fabrique du cuir artificiel, de lever 46 millions de dollars. Le groupe dirigé par François-Henri Pinault a également lancé le Materials Innovation Lab, où 4 000 tissus et textiles durables sont en cours de développement.
Et cette stratégie de durabilité n’est qu’un début. Avec le soutien d’Emmanuel Macron, Kering a lancé le Fashion Pact en 2019, qui réunit aujourd’hui plus de 1 250 marques des milieux de la mode et du textile. Le groupe a également collaboré avec Cartier pour mettre en place l’initiative Watch & Jewellery 2030, fixant des objectifs de durabilité clairs et ambitieux. Comme l’explique Marie-Claire Daveu : “Nous avons la responsabilité de montrer l’exemple. La durabilité est désormais inscrite dans l’ADN des entreprises de luxe, et cela se répercute sur tous les autres secteurs. Si on ne le fait pas, pourquoi les autres le feraient ?” ZAK MAOUI