GQ (France)

HANS ULRICH OBRIST

Le directeur artistique de la Serpentine Gallery à Londres, explore l’oeuvre de l’artiste multidisci­plinaire.

- PAR TEO VAN DEN BROEKE

Poésie, sculpture, bâillons-boules comestible­s. Il existe de multiples points d’entrée dans le travail de l’artiste Precious Okoyomon, dont les installati­ons sont de véritables mondes naturels et fantastiqu­es, constitués d’écrits, d’art visuel et d’une profusion d’accessoire­s BDSM. Hans Ulrich Obrist, directeur artistique de la Serpentine Gallery, a d’abord rencontré Okoyomon à travers sa poésie, avant de découvrir les myriades d’univers que recelait son oeuvre. “Okoyomon est un.e poète incroyable”, déclare Ulrich Obrist. “J’ai été ébahi par le fait qu’il ne semble pas y avoir de frontière entre sa poésie et son art visuel. Iel a également réalisé un ensemble de performanc­es et développe une pratique incroyable du dessin.” Okoyomon explore des thèmes variés. Son premier recueil de poésie, Ajebota (2016) examinait l’identité des immigrants queers noirs. Sa première sculpture à grande échelle mettait en scène des arbres à lynchage du sud des ÉtatsUnis, représenté sous la forme d’une petite forêt dans son exposition de 2019, A Drop of Sun Under the Earth.

Les environnem­ents immersifs sont une facette importante du travail d’Okoyomon, ils lui permettent d’explorer les concepts de race, de nature, de vie et de mort. Ses dernières installati­ons s’intéressen­t également au monde naturel et à sa destructio­n. Le sexe est un autre de ses thèmes de prédilecti­on – d’où les sex-toys comestible­s – imaginés par son collectif de cuisine queer, Spiral Theory Test Kitchen, dont la cuisine a été décrite par l’actrice de la série Pose, Indya Moore, “comme la nourriture la plus queer, trans et anticonfor­miste [qu’elle ait] jamais goûtée de [sa] vie.” Pour Okoyomon, la fluidité est la clé. Mais c’est aussi ce qui rend difficile le choix d’une pièce préférée par Ulrich Obrist. “Okoyomon est un.e artiste complet.e. Pensez à Hildegarde de Bingen au XIIe siècle. Elle dirigeait un monastère, était guérisseus­e, écrivaine, poète, compositri­ce. Okoyomon est comme ça.

Il y a tellement de dimensions dans son oeuvre.”

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Precious Okoyomon, Angel of Death (2020), fabriqué à partir de laine d’agneau brute, de terre, de fil de fer et de fil textile.

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