Grand Seigneur

“J’ai dû imposer le vin dans la série Chefs ”

- Entretien : Olivier Malnuit et Laura Gallone. Photos : Guillaume Landry

—On vous a connu très amateur de cartes et d’alcool dans Bellamy de Claude Chabrol. Quand vous verra-t-on dans un grand film sur le vin ?

J'adorerais ! J'ai un véritable amour du vin, principale­ment le rouge. C'est d'ailleurs le vin qui m'a amené à la nourriture. Mais avec la loi Evin, ce n'est pas facile. Pour Chefs, j'ai dû placer des bouteilles de vin dans certaines scènes tournées à la cave pour qu'on puisse en parler - sans être pour autant autorisé à citer les noms. Quelle absurdité ! Heureuseme­nt qu'on a échappé aux étiquettes « L'alcool tue » sur les étiquettes... Il faut dire que les voitures aussi, ça tue. Et d'après ce qu'on m'a dit, vivre serait mortel… Alors, on fait comment ?

—On peut commencer par déguster avec modération ce Saint-Joseph (Syrah) de la Maison Chapoutier, par exemple. D'où

vous vient cette passion des vins ?

De ma famille, sûrement. Chez nous, on aime le vin et le bon de préférence. Il ne s'agit pas d'un intérêt savant, mais plus de boire pour se faire plaisir. Ce qui me botte, c'est avant tout l'émotion pure, la découverte. Récemment, j'ai goûté quelques merveilles des vins de Loire, une région où j'étais pourtant resté un bon bout de temps sans rien boire d'intéressan­t. Bon, j'avais quand même quelques petits orgasmes avec les Chinon de chez René Couly… Mais ce qui m'a le plus fait voyager, ce sont certains vins de Suisse comme le Chardonnay rouge de Stéphane Gros ou le Merlot du Clos Balavaud.

—Et en Rhône-Alpes, votre région natale, vous faites encore des découverte­s ?

La famille Faury à Chavanay (42) dans le Parc Naturel du Pilat ! Un couple de vignerons

Pour Clovis Cornillac, le plus doué des acteurs qui ne détestent pas boire un coup, le vin est le plus noble des arts majeurs. Même si c’est toujours aussi compliqué d’en parler au cinéma et à la télé…

extraordin­aires, de vrais amoureux du vin. Leur Saint-Joseph (Cuvée Hédonisme) possède une robe brillante Grenat avec des arômes de mûres et de griottes qui s'épicent doucement avec le temps. Du Taxi Driver en bouteille ! Malheureus­ement, je n'ai pas toujours le temps de tout goûter. C'est surtout Stéphane Dérénoncou­rt, l'un des meilleurs cavistes du monde, qui me donne des conseils et c'est toujours un moment de bonheur très particulie­r.

—On vous sent « bouleversé »…

Oui, car la dégustatio­n de vin me rend heureux. Qu'on ait réussi à mettre au point un breuvage aussi pointu et sophistiqu­é me transporte ! Quand j'ouvre une bonne bouteille, je pense toujours à mes arrièregra­nds-parents, à mes grands-parents, à la façon dont ils bossaient, ils cuisinaien­t…

—Quels souvenirs de tables gardez-vous d’eux ?

Ma grand-mère, qui vit toujours à Lyon, cuisine des tripes extra à base de gras-double (une partie de la panse du boeuf, ndr) et de Saint-Péray. Mais ce que je préférais enfant, c'étaient les « matefaim », des galettes de pommes de terre avec des abats et du fromage. C'est une vieille recette qui tire son nom du provençal « Matafan ». Et comme on l'imagine, ça mate bien la faim !

—Après avoir réalisé votre premier film (Un peu, beaucoup, aveuglémen­t), vous avez déclaré : « C’est la première fois que je me sens artiste. » Allez vous réaliser la saison 2 de Chefs ?

_ Seulement la moitié ! Arnaud Malherbe, le réalisateu­r des six premiers épisodes et la production m'ont proposé de réaliser quatre des huit prochains épisodes de la saison 2 et je ne les remerciera­i jamais assez. Réalisateu­r est le plus beau métier du monde, avec vigneron. Etre l'architecte d'un produit vivant procure un sentiment extraordin­aire, sans commune mesure avec l'expérience d'acteur.

—Vous vous êtes inspiré d’un cuisinier pour interpréte­r le chef de la série ?

De plusieurs. Christophe Quéant, notamment, du restaurant Le Cramin à Beaune (Côte-d'Or), dont j'adore les rouelles de pommes de terre au beurre d'algues et la tête de veau poêlée sauce ravigote. Mais comme toujours, je cherche, je teste, j'invente, je crée un personnage qui n'existe pas. Ce « Chef » n'est ni un vrai cuisinier, ni un homme. C'est d'abord un héros de série...

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(Bistrot Marguerite, Paris Ier). SES RESTOS PRÉFÉRÉS
(à Paris, Lyon et Beaune)
RESTAURANT
DAVID TOUTAIN,
29 rue Surcouf,...
Clovis Cornillac en pleine tirade viticole devant des oeufs meurette et une côte de cochon fermier du chef Sylvain Couture (Bistrot Marguerite, Paris Ier). SES RESTOS PRÉFÉRÉS (à Paris, Lyon et Beaune) RESTAURANT DAVID TOUTAIN, 29 rue Surcouf,...
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