Grand Seigneur

GRAND RESTAURANT

Maisons discrètes, bistrots m'as-tu-vu ou cantines à la Sautet... Quand on ne s’est pas revu depuis des lustres, mieux vaut avoir le choix du terrain ! Nos meilleures tables pour retomber amoureux (ou pas), boire un coup et s’en payer une bonne tranche.

- Texte : Olivier Malnuit (avec Tristan Tottet, Eugénie Lasserre, Jean Malgalor, Félix de Berchoux et Gabin Smet)

20 RESTOS OÙ DÎNER AVEC EX_

1— MORI VENICE BAR

Pour les spaghettis-boulettes, ça va être difficile, mais pour le reste tout est encore possible. À michemin entre salon privé et garden-party de la mondaine, ce « baccaro » (ça vient de Bacchus, ndlr) vénitien, peuplé de fauteuils en cuir, boiseries acajou (signées Starck) et people pompettes (Édouard Baer, Lavilliers), présente l’énorme avantage de servir une cuisine italienne d’un tel raffinemen­t (Tagliolini au Prosecco de Valdobbiad­ene, jambon cru de Bordighera affiné sur une marquise de porcelaine, etc.) qu’à côté de vous, le Canaletto aurait l’air d’un graphiste de la mairie. Un écrin d’élégance et de violence jet-set, créé par Massimo Mori et piloté par sa fille, notre amie Céline, la muse électrique du tout-Paris.

2 rue du 4 Septembre, Paris 2e. Fermé le dimanche. Tel : 01 44 55 51 55.

2 — ANAHI

Si vous avez une table, c’est plutôt bien parti. Réouvert il y a quelques mois par Riccardo Giraudi, le Mario Testino des viandes de charme au prix d’un sac Gucci, ce temple historique de la mode et du filet mignon (Kate Moss y a déjà mangé un steak, John Galliano n’y a pas bu que de l’eau) est la pause côtelettes idéale pour une nouvelle vie d’amour vache et de passion à couteaux tirés. En cuisine, l’excellent Gabrielle Faiella, fraîchemen­t libéré de chez Gordon Ramsay, travaille la cuisson de ses Aiguillett­es en mode Phil Spector sur un tube des Ronettes. Ambiance persillé de hampe et purée au citron. La dernière cantine mondaine où parler d’élevage de bêtes avec une topmodel jusqu’au bout de la nuit…

49 rue Volta, Paris 3e. Ouvert 7j/7. Tel : 01 83 81 38 00.

3 — LA ROBE ET LE PALAIS

Avant de vous faire cuisiner par son avocat, offrez-vous une parenthèse gourmande dans cette incroyable taverne à juges et magistrats où circulerai­t un fantôme de cave et où le vin bio (« Les Pièces longues » en Chenin blanc, etc.) coule à flots… Ambiance Chabrol en salade César pour cette belle table de mangeurs à soif où le Tartare de veau se plaide aux noisettes du Piémont et le pigeon rôti s’auditionne en cocotte avec des carottes multicolor­es. Nouvelle carte tous les jours (le Fin Gras du Mézenc au printemps), banquettes pourpres, loupiottes de garage et murs de taille. On n’est pas chez Starbucks et ça fait du bien. Le patron (Loïc Mougène) est un as ! Mais le chef (Mathieu Thomas) a de l’avenir…

13 rue des Lavandière­s Sainte-Opportune, Paris 1er. Fermé le dimanche. Tel : 01 45 08 07 41.

4— LE CORNICHON

À deux pas de L’Assiette (l’auberge de David Rathgeber) et de la boucherie d’Hugo Desnoyer (45 rue Boulard, Paris 14e), le réveil du Montparnas­se qui mange et le sursaut du vieux Daguerre qui boit son coup, c’est (aussi) eux : Franck Bellanger (ex-L’Ami Jean) et le chef Mathieu Nadjar (Savoy, Taillevent), à la tête d’un belle guinguette de stars et d’intermitte­nts pas fauchés où les cailles se grillent à l’américaine (avec de la menthe, du fenouil et des pastèques), le ris de veau se croustille aux amandes et les sardines se carapatent en croque-monsieur. Une cuisine un poil mentholée mais avec du muscle ! Mention spéciale pour les desserts : soupes de rhubarbe glacée, mousseline de cacahuètes au caramel...

34 rue Gassendi, Paris 14e. Fermé le samedi et le dimanche. Tel : 01 43 20 40 19.

5 — LE RESTAURANT DU PALAIS ROYAL

C’est le Grand Véfour avec une terrasse, la Galerie de Valois façon buvette, les Trois Glorieuses sous parasol ! Idéalement situé dans les jardins du Palais Royal, ce restaurant pourrait servir du merlan frit-Coca en barquettes qu’on s’y bousculera­it quand même. Tout y est renversant : la vue, l’air, les arbres, l’insoucianc­e parisienne… Dommage, peut-être, que son chef étoilé Philip Chronopoul­os « robuchonis­e » un max (Bouquet de mer en ravioles, etc), car la moindre assiette coûte le prix d’un Paris-Nice. À ne pas rater : les déjeuners discrets en terrasse de Patrick Stefanini, l’ancien directeur de campagne de François Fillon y enchaîne jusqu’à trois rendezvous par repas.

110 galerie de Valois, Paris 1er. Fermé le dimanche et le lundi. Tel : 01 40 20 00 27.

6 — LE YEEELS

Drôle d’endroit pour des retrouvail­les ! Ambiance clubbeurs de Casablanca, poulailler doré et personnel tout en jambes… Et pourtant, sous l’impulsion du jeune chef Thomas Rossi, la cuisine sait câliner le chaland, visiblemen­t il y a du talent à l’office. Corsetée dans un coeur de laitue et relevée au piment doux (avec un quart de poulet entier tranché), la salade César surprend son homme – pire, elle le bouscule. Au garde à vous dans sa Béarnaise, le filet de boeuf met les gaz. Service au poil, silhouette­s affolantes et verres à vin nautiques, on a parfois l’impression pas si désagréabl­e d’être à Monaco-sur-Seine. Bien vu : les desserts de Carl Marletti (framboisie­r extra), le Carême de la rue Censier (Paris 5e).

24 avenue George V, Paris 8e. Ouvert 7j/7. Tel : 01 42 88 75 75.

7 — RENOMA CAFÉ GALLERY

Le meilleur club à manger de Paris ! Ambiance « sofa-lunch », fauteuils extra-larges et tablées de vingt personnes… En quelques années, Alfred Bernardin, le petit-fils du créateur du Crazy Horse, a fait du resto-galerie de Maurice Renoma (l’inventeur du style « minet ») la première cantine sur canapés où l’on « chille » en mode pacha. Un paradis allongé à la fraîche (clim d’enfer !) avec un oeuf mayo aux pommes de terre safranées, taillé comme un gars du Wu-Tang Clan (au prix d’une bouteille d’eau dans le quartier). Également une salade César de compet’ au Bacon, d’étonnantes coquillett­es au jus de viande truffé... et un espadon grillé du chef Olivier Camus La Guérinière qui envoie du bois. Maison sérieuse.

32 avenue George V – rue Pierre Charron, Paris 8e. Ouvert 7j/7. Tel : 01 47 20 46 19

8 — FROUFROU

Bonne pioche ! Coincé entre une pizzeria à touristes et la circulatio­n du quai des Grands Augustins (Paris 6e), ce petit bistrot étroit dont la terrasse de poche ressemble à une guérite de station-service s’avère pourtant (et contre toute attente) l’une des meilleures tables de l’année. En cuisine, la jeune chef Camille Chéry (ex-Plaza Athénée) propose une cuisine de petites assiettes absolument renversant­es. Du Camembert au Calva à la salade de poulet pané au Panko (une chapelure japonaise de flocons de pain, ndlr) en passant par les pommes de terre grenaille rôties et le Magret de canard au Muesli (photo ci-dessus), tout est magnifique de maîtrise et de générosité. Et pour beaucoup moins cher qu’un mauvais bar à tapas…

45 quai des Grands Augustins, Paris 6e. Fermé le lundi et le mardi. Tel : 01 42 39 02 59.

9 — MAXAN

La dernière halte du « Village 8e » avant le grand saut du 16e Chaillot, c’est ici ! Accroché à flanc de palaces (les cuisines du George V et du Plaza sont en face), ce petit resto discret comme l’élégance des princes sert une cuisine exceptionn­elle (girolles sautées en persillade et oeuf poché, Magret de canard rôti aux pêches, viande rouge pommes grenailles sauce Bordelaise...) dans un lieu au top (la déco 60’s d’Ingrid Root) avec une équipe pas mal du tout (les chefs Laurent Zajac et Jean-Yves Guichard, le maître d’hôtel Serge Conquet) et une cave qui démenage (Bugey Pinot Noir Cuvée sous le Château, etc). Véritable sanctuaire d’initiés, c’est le dernier point fixe des poètes de table. Tout le problème, c’est d’en repartir…

3 rue Quentin-Bauchart, Paris 8e. Fermé le dimanche. Tel : 01 40 70 04 78.

10 — SAINT JAMES

Sous le regard perdu des ancêtres de l’Hôtel Saint James, le club privé le moins privé de la capitale (on peut y dîner tous les soirs, sauf le dimanche), le chef Jean-Luc Rocha, un virtuose de l’oeuf mollet passé chez Thierry Marx, sert une cuisine des plus propices aux règlements des conflits et soldes de tout compte sur l’oreiller (environ 100 euros par tête tout de même, ndlr). Suprême de pigeon mariné au thé, gâteau de pommes de terre à l’Ossau-Iraty, Foie gras en croûte de sésame et pavot… Tout est généreux et affûté, romantique mais pas benêt ! Probableme­nt la table la plus démocratiq­ue et sensuelle des étoilés. À ne pas rater : l'apéro-cocktail sous les tentes-montgolfiè­res du jardin.

43 avenue Bugeaud, Paris 16e. Fermé le dimanche. Tel : 01 44 05 81 81.

11 — LA VILLA SOPHIA

Une petite terrasse en contre-pente, Valeurs actuelles et L’Opinion au bout de la rue, des pizzas bien machinées et Robert Hossein aux aguets… Probableme­nt la pizzeria la plus inattendue pour remettre le couvert. Toute une ambiance. 53 rue de Chaillot, Paris 16e. Fermé le dimanche. Tel : 09 82 60 24 26.

12 — BISTROT MARGUERITE

Vue imprenable sur le pont d’Arcole (Paris 4e), l’une des terrasses les plus ensoleillé­es de la capitale et un Gratiné à l’oignon qui déborde sur tous les fronts… La vraie brasserie à la Claude Sautet pour se dire qu’on ne s’oubliera jamais (quoique). 1 place de l'Hôtel de Ville, Paris 4e. Ouvert 7j/7. Tel : 01 42 72 00 04.

13 — HÔTEL DU NORD

Dans une salle de 100 couverts, les dîners à deux sont plus intenses ! Ambiance confidence­s sur banquettes rouges dans cette guinguette historique du Canal SaintMarti­n (Paris 10e). À ne pas rater : l’Osso Bucco gremolata à l’orange du chef Wilfried Graux. 102 quai de Jemmapes, Paris 10e. Ouvert 7j/7. Tel : 01 40 40 78 78.

14 — LES CHOUETTES

Un resto de 550 mètres carrés (décoré comme le Transatlan­tique) avec un Navarin d’agneau et son Gratin d’aubergines au Parmesan préparés par le chef Wilfried Graux (encore lui !) : ça devrait suffire pour se (re)parler… Non ?

32 rue de Picardie, Paris 3e. Ouvert 7j/7. Tel : 01 44 61 73 21.

15 — CHEZ MICHEL

Magnifique petite terrasse derrière l’église SaintVince­nt-de-Paul (Paris 10e) pour cet ancien resto de la Résistance. Ambiance Terrine, palombes, FFI et chef japonais : Masahiro Kawai, le plus doué des bébés Camdeborde... 10 rue de Belzunce, Paris 10e. Fermé le samedi et le dimanche. Tel : 01 44 53 06 20.

16 — LE BOUCLARD

Monica Bellucci, John Malkovich, Jérémy Ferrari… Tout le monde aime cette auberge mondaine et secrète de la place de Clichy (Paris 18e). Mais si voulez y dîner avec votre ex, c’est bien aussi. Ambiance Papillotte de chou vert et rognons de veau aux pleurotes ! 1 rue Cavallotti, Paris 18e. Fermé le dimanche. Tel : 01 45 22 60 01.

17 — LA BRASSERIE DE L'ISLE SAINT-LOUIS

La terrasse la plus romantique de Paris (face à NotreDame), un foie de veau à l’anglaise qui remet les pendules à l’heure et des restaurate­urs installés là depuis bientôt 70 ans… Si avec ça, vous ne retombez pas amoureux, c’est foutu ! 55 quai de Bourbon, Paris 4e.

Fermé le mercredi. Tel : 01 43 54 02 59.

18 — LE CAFFÈ STERN

Culte ! Pas donné ! Incontourn­able… L’antichambr­e vénitienne du Tartare de veau à la crème de thon et du Risotto aux escargots est logée chez un ancien graveur (revu par Starck) et plongée dans une pénombre favorable aux débordemen­ts. Galerie des Variétés, 47 passage des Panoramas, Paris 2e. Fermé le dimanche. Tel : 01 75 43 63 10.

19 — CHAMPEAUX

Toujours décriée, jamais oubliée : la brasserie de Ducasse aux Halles (Paris 1er) est un terrain neutre qui s’explore à deux. On adore le Soufflé aux asperges et fromages, et le nouveau chef (Kévin Kowal) est loin d’être un manchot. Forum des Halles La Canopée, Paris 1er. Ouvert 7j/7. Tel : 01 53 45 84 50.

20 — COFFEE PARISIEN

Dans les 90’s, c’était le Nirvana ! Et si vous avez survécu jusque-là, c’est toujours aussi bien. John Goldstein, le pionnier des Ribs à Paris, vous conseille le Steak & Egg (coeur de rumsteak, oeuf bio, sauce Bourbon) pour une séquence nostalgie. 7 rue Gustave Courbet, Paris 16e. Ouvert 7j/7. Tel : 01 45 53 17 17.

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