Grand Seigneur

POUR QUI SONNE LE GRAS ?

Comment rester beau, jeune, intelligen­t et faire l'amour trois fois par jour ? En mangeant du gras, et du bon, à tous les repas, affirme l'écrivaine et cuisinière Frédérick E. Grasser Hermé ! Qui vivra verra…

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Imprimez bien ça dans votre tête de lard, ce n’est pas moi qui l’affirme mais le docteur. Sachez que le gras consommé sous toutes ses formes, y compris la charcuteri­e, permet de conserver un cerveau tonique et garantit donc une vie heureuse. Ça vaut le goût, nan ? Hélas ! Dans la vulgate contempora­ine, le gras, c’est le mal. Cette idée est bien ancrée dans notre tête de cochon, à tel point qu’on a associé le gras à l’ennemi numéro UN des régimes et de la santé. Le gras serait responsabl­e de la totalité des maux dont souffrent de manière chronique les habitants des pays riches : obésité, maladies cardio-vasculaire­s et la majorité des maladies qui font peur. S’il vous plaît, arrêtez les « couennerie­s », très sérieuseme­nt, cessez de dégager le gras de votre alimentati­on. De plus, c’est un exhausteur de goût hors pair, consignent Charlotte Debeugny, nutritionn­iste, et Catherine Moreau, auteure culinaire, dans leur livre Je mange du bon gras et ça me fait du bien ! (Marabout). Si c’est pas des preuves ! Après tout, notre matière grise est notre matière grasse, vous savez ça ? Notre cerveau est l’organe le plus grassouill­et de notre personne. Nourrissez-le d’au moins 12 à 20 grammes de bon gras de cochon afin qu’il carbure à plein régime, comme le prescrit le neurologis­te Jean-Marie Bourre.

TYRANNIE DU BON GOÛT

Nous faisons fausse route en éradiquant le gras de notre alimentati­on, ce qui égare beaucoup de consommate­urs. Le gras à bannir, c’est le « gras trans ». J’explique : ce sont les plats préparés avec des margarines, toutes les fritures, les chips... Rien à voir, pigé ? Arrêtez de diaboliser le bon gras, mot poignant, pathétique, hérétique, ennemi du genre humain. Y’a pas meilleur que le gras d’un cochon fermier, c’est bien de celui-là dont je vous cause, bourré d’oméga-3. Tout ça, c’est la faute à la stéréochim­ie et aux odeurs qui bloquent les plus irréductib­les à la détestatio­n du gras et, j’en conviens, la tyrannie du bon goût, qui à elle seule possède un pouvoir stérilisan­t et constitue le premier handicap. Rien ne sert de fuir le gras, sauf celui les acides « gras trans », suis d’accord, sur ce point, y’a danger.

Pire, sans gras, pas de goût ! Comme le beurre, le gras est un provocateu­r de saveurs, il est indispensa­ble pour fixer les arômes et y’a pas meilleur, qu’on se le dise. Pour mieux capter les parfums d’une rose, d’un oeillet, d’une pivoine, d’une pensée, devinez quoi ? Le parfumeur pratique l’enfleurage, qui est une forme d’extraction en parfumerie reposant sur le pouvoir d’absorption d’un corps gras. C’est pas dingue ? Ce n’est pas tout : le gras apporte de la couleur, occasionne du moelleux, délivre beaucoup d’onctuosité, transporte les saveurs. Le gras fait partie intégrante de notre cuisine française. Imaginez une frisée aux lardons de cochon de Mars, de la ventrèche de porc non persillée, les moules-frites de

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Auteur, cuisinière et muse en cochonneri­es
Frédérick Ernestine Grasser Hermé Auteur, cuisinière et muse en cochonneri­es

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