Grand Seigneur

“Même le grésilleme­nt d'un steak dans la poêle, c'est une symphonie extraordin­aire ”

Après son triomphe dans L'aigle à deux têtes (au Théatre du Ranelagh), la comédienne et nièce de Gérard Depardieu savoure d'autant plus les onglets et la côte de boeuf lorsqu'ils sont préparés par un homme…

- Entretien : Julio Rémila

Delphine Depardieu, êtes-vous une Fille à côtelettes (boulettes, gigots, entrecôtes, etc) ?

D.D.: Oui, mais alors une Fille à côtelettes du genre plutôt passive (rires). Comme je ne cuisine pas moi-même, j'aime manger les viandes de mon amoureux. Et surtout, j'adore le regarder les préparer. L'été, il me fait souvent des onglets de boeuf grillés au feu de bois, à même la cheminée de la maison. Pas de sauces, pas d'accompagne­ment. Juste le plaisir de la viande à point, avec du poivre et du sel. C‘est tellement bon que j'en ai presque les larmes aux yeux. J'apprécie aussi l'araignée sauce moutarde, la côte de boeuf à l'orange (voir photo*), le foie de veau au vinaigre balsamique, les rognons grillés, le boeuf bourguigno­n, les côtelettes d'agneau à la pastorale (avec du piment, des olives, de l'ail et de l'origan), etc. Toutes les viandes à partir du moment où un homme les cuisine pour moi… Qu’est ce qui vous fascine tant dans les viandes ?

D.D.: La sensualité ! Je trouve que c'est un spectacle incroyable : les odeurs, les fumées, les épices, la gestion des braises, l'assurance tranquille d'un homme aux fourneaux… Même le son d'une grillade, le grésilleme­nt d'un steak dans la poêle, est une symphonie érotique extraordin­aire. Il faudrait composer des opéras pour la viande, des concertos pour les éleveurs, dont la plupart font très bien un métier absolument remarquabl­e, des hymnes aux bouchers dont les gestes sont souvent d'une chorégraph­ie époustoufl­ante. La viande est si importante, si extatique dans ma vie, que je ne conçois même pas d'en manger d'autres que celles préparées par mon amoureux. Lorsqu'il doit s'absenter, il me cuisine des côtelettes d'agneau à la provençale (avec du riz et des aubergines), des rôtis de boeuf frottés à l'ail et au thym, des escalopes de veau au Marsala, pour que je pense à lui en les mangeant. Et si jamais j'ai des envies subites de bavettes à l'échalote ou de tournedos aux artichauts, je mets mon désir dans la poche et j'attends son retour. La viande est notre festin rôti, notre jardin secret, ele symbolise nos retrouvail­les.

Si la viande était un homme…

D.D.: Mon oncle Gérard, what else ? Dans sa série documentai­re À pleines dents (Arte), on le voit quand même déclarer devant une Siementhal en plein champ : « je mange de tout, je ne suis pas végétarien, les vaches m'attirent, il faut qu'elles soient bonnes, tendres, grasses, persillées ». Ou encore « il m'est déjà arrivé de croquer la viande à même le boeuf. Alors, quand je vois une vache, je m'arrête, je la regarde et je salive ». C'est mon tonton, il est formidable ! Avec une telle passion pour les viandes, pourquoi ne pas cuisiner vous même ?

D.D.: D'abord, nous ne sommes plus dans les années 50, beaucoup d'hommes aiment cuisiner, de nos jours. Ensuite, je suis bien trop maniaque pour préparer un gigot de sept heures ou des paupiettes de veau aux champignon­s. Dès qu'il y a une poêle, deux plats, des casseroles, quelques épices et un pot de crème dans la cuisine, je panique et je me sens obligé de tout ranger, ce qui ne facilite pas le travail non plus. Et puis, je vous le disais, je prends bien trop de plaisir à regarder les hommes aux fourneaux...

Après le succès de L’aigle à deux

têtes de Jean Cocteau (avec Alexis Moncorgé) au Théatre du Ranelagh (Paris 16e), on va vite vous revoir sur les écrans dans un nouveau film tourné au Kosovo… D.D.: Oui, c'est un thriller psychologi­que remarquabl­e qui va se tourner entre la Macédoine, l'Albanie et le Kosovo. On démarre dans quelques mois, j'espère qu'il y aura des bons « burek » (le pain de viande kosovar)…

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