Grand Seigneur

“LES BORDEAUX, C’EST DE LA MUSIQUE”

- CÉCILE VERDIER (Château Brethous)

Dans l'un des plus vieux domaines de la région, cette vigneronne mélomane crée des cuvées en Cadillac Côtes de Bordeaux qui battent joliment la chamade... Le groupe de pop Bordelaise Pendentif a trinqué avec elle en chansons. Et Grand Seigneur aussi !

Pendentif et Cécile Verdier, les cuvées du Château Brethous, ça donne envie de chanter ?

CV : En tous cas, ce sont des vins très festifs ! Avec mon mari Thierry, nous sommes des dingues de chansons française. C’est pour ça, par exemple, que nous avons baptisé nos mini-cuvées (50% Merlot, 50% Cabernet Sauvignon) en Côtes de Bordeaux : Prélude, Duo, Cantate, Arpège, Sonate (en hommage à mon père qui chantait dans les vignes), etc...

Pendentif : C’est vrai qu’il y a un mood un peu velours dans ces vins. Par moment, on croirait presque boire du The Verve dans Bitter Sweet Symphony . Quant à votre cuvée Prestige (1/3 Merlot, 2/3 de Cabernet Sauvignon), elle tire clairement sur le Nougaro, période Le jazz et la java (1962), ou même le titre Love Song (1989) des Cure. Mais justement, c’est ça qui est agréable.

C'est nouveau, ce côté « pop » des vins de Bordeaux ?

Pendentif : Bordeaux a toujours eu une scène musicale très créative grâce à toutes les caves à vins où les groupes peuvent répéter... C’est la région de Kid Pharaon, Noir Désir. Et beaucoup de vignerons travaillen­t un peu comme on compose un disque. Il y a des vraies passerelle­s, par exemple, entre l’équilibre de la Cuvée Classique (65% de Merlot, 30% de Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon, 5% de Malbec) du Château Brethous et l’harmonie de notre dernier album (Vertige exhaussé, PIAS).

CV : Je crois aussi que le vignoble Bordelais est en train d’évoluer. Lorsqu’ils ont repris le domaine dans les 60’s, mes parents étaient parmi les premiers à cultiver la vigne dans un souci écologique. Quand, il y a moins de 10 ans, nous avons créé l’associatio­n Aquitaine Biodynamie, il y avait tellement de postulants qu’il a fallu créer deux groupes. Aujourd’hui, dans toute cette vallée où serpente la Garonne, soit près de 50 hectares de vigne, tous les vignerons travaillen­t en bio.

Concrèteme­nt, ça se traduit comment ? CV : En produisant les meilleurs vins possibles, tout en respectant l’environnem­ent. C’est-àdire, par exemple, en semant de l’avoine pour concurrenc­er les herbes indésirabl­es, en coupant l’herbe sous la vigne pendant la floraison afin qu’elle se transforme en engrais vert, en tenant compte du calendrier lunaire, en ne collant pas le vin (le « clarifier » avec du blanc d’oeuf). Et enfin, en élevant le vin dans des barriques de chênes du Médoc (forêt renouvelab­le) qui mettent en valeur le fruit, mais ne l’assassinen­t pas. Dans la musique, c’est un peu pareil, non ? Pendentif : C’est ce que nous avons voulu avec notre album, que les chansons créent une symbiose émotionnel­le, que tout ne repose pas sur la voix... Un peu comme votre Bordeaux Clairet (50% Cabernet Franc, 50% Cabernet Sauvignon) qui chaloupe entre Walk on the wild side (1972) de Lou Reed et Le coeur grenadine (1979) de Laurent Voulzy ....

Entretien : Thomas Legourrier­ec Château Brethous,

28 Chemin du Jonc, 33360 Camblanes. Tel : 05 56 20 77 76 www.brethous.com

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De gauche à droite :Cécile Verdier (Château Brethous), Julia Jean Baptiste, Mathieu Vincent et Jonathan Lamarque(Pendentif).

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