Grand Seigneur

“ON EST TRÈS ÉLOIGNÉ DES CLICHÉS DU BORDEAUX... ”

- CORBEYRAN (la BD Châteaux Bordeaux)

En une belle dizaine d'années, ce biker du Médoc et scénariste légendaire de BD fantastiqu­es a réussi à faire des vins de Bordeaux un manga populaire (Château Bordeaux, Glénat) qui bouscule pas mal d'idées reçues sur la région...

Grand Seigneur l'a rencontré à l'heure de l'apéro !

Corbeyran, après plus de 360 albums dans l'univers du polar et la science-fiction (Le Chant des Stryges, Uchronie(s), etc), comment êtes-vous venu à écrire une BD sur les vins de Bordeaux ?

C.— C’était il y a déjà onze ans. Comme il savait que je vivais à Bordeaux, l’éditeur Jacques Glénat - qui publie le célèbre Manga sur le vin Les gouttes de Dieu – m’avait proposé de travailler sur Châteaux Bordeaux. Le problème, c’est que je n’y connaissai­s absolument rien, je ne savais même pas qui était Robert Parker ! J’ai dû enquêter pendant deux ans et demi dans le vignoble Bordelais pour trouver mon histoire... En vous appuyant sur les personnali­tés du coin ?

C.— Oui, certains protagonis­tes sont d’ailleurs inspirés de personnage­s réels. En premier lieu Michel Rolland, une star mondiale de l’oenologie et de la région (on lui doit, entre autres, le succès des « Vins de garage » : des micro-cuvées de compètes pour collection­neurs). C’est lui qui m’a donné toutes les bases. J’ai aussi rencontré, en appellatio­n Margaux, Alain Sichel (Château Angludet, Château Palmer), Florence Cathiard (Château Smith Haut-Laffite), Sophie Schÿler (Château Kirwan). Egalement, en Saint-Emilion, Jean Trocard (Château Franc Larose, Le Clos Dubreuil). Ca se passe comme ça dans les vins à Bordeaux. Un type va vous donner quatorze adresses qui vont vous mener à vingt-huit adresses, et ainsi de suite. C’est beaucoup moins fermé qu’on ne le croit.

Vous en parlez presque comme d'un terroir...

C.— C’est exactement ça ! Il y a parfois un côté très noble et en même temps très paysan dans le vignoble Bordelais. La plupart des vignerons sont des gens très simples qui travaillen­t dur et font des vins remarquabl­es, souvent parmi les moins chers du marché. On est très éloigné des clichés du Bordeaux hors de prix. Par exemple, vous savez ce que représente réellement le Parc Immobilier des Châteaux dans la production de Bordeaux ? A peine 2%...

Alexandra Baudricour­t, l'héritière du Château Le Chêne Courbe (l'héroïne de la BD), c'est vous ?

C.— Disons que c’est mon double, mais avec de plus jolies formes (rires)... Avec le dessinateu­r Espé, on avait envie que ce soit une belle femme, sensuelle et glamour comme les vins de Bordeaux. Mais au départ, comme moi, elle n’y connait rien. C’est pour ça que je distille au fil des pages les fragments de mémoires rédigés par son père, qui lui permettent d’appréhende­r l’histoire du domaine et celle du bordelais.

A quand une deuxième saison de

Château Bordeaux ?

C.— Probableme­nt en 2020. J’évoquerai d’avantage le bio et notamment pas mal de petits domaines en Graves, Fronsac, Saint-Emilion et Sauternes, qui parviennen­t à tirer leur épingle du jeu aux côtés des grands châteaux. Je trouve que le vignoble bordelais de cesse d’évoluer, la saga n’est pas prête de se bouchonner ! Et comme Alexandra est devenue riche, elle devrait faire comme Bernard Magrez (Château Pape Clément, Château La Tour Carnet, etc) : s’acheter plein de petits châteaux dans d’autres appellatio­ns...

Entretien : Thomas Legourrier­ec

 ??  ?? Le scénariste Corbeyran chez lui, aux portes du Médoc, avec sa bouteille géante et des murs recouverts­de planches.
Le scénariste Corbeyran chez lui, aux portes du Médoc, avec sa bouteille géante et des murs recouverts­de planches.

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