Grand Seigneur

YANN MOIX : « DEPARDIEU NE VOULAIT MANGER QUE DANS LES BOUIS-BOUIS !»

Yann Moix a accompagné Gérard Depardieu lors de son périple en Corée du Nord, en septembre dernier. En exclusivit­é, l’écrivain a raconté aux copains de Technikart le périple des deux hommes dans un pays pas vraiment réputé pour sa gastronomi­e.

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Yann Moix, c’est comment, la cuisine en Corée du Nord ?

Essentiell­ement des nouilles froides avec des glaçons et de la sauce piquante… Vous risquez d’être déçus !

C’est une spécialité de Pyongyang ?

Oui, je crois qu’on appelle ça le Mul Naengmyeon. Les nouilles sont bouillies puis démêlées à l’eau froide et mélangées à un bouillon de boeuf avec de la glace pillée, des radis blancs, des concombres, du piment rouge, etc. C’est étonnant, même les Coréens du Sud n’en font pas un pareil.

Vous avez testé autre chose ?

Oui, on a mangé du Kimchi, un plat qu’on trouve aussi en Corée du Sud à base de chou farci, piments et légumes fermentés. Du Bibimbap aussi, qui brasse pousses de soja, d’épinards et des haricots verts sous une couche de riz, avec un oeuf et de la viande d’autruche sur le dessus. On mélange tout ça avec de la sauce piquante ou de la sauce soja dans un pot en terre cuite ultra brûlant, c’est excellent !

Et Depardieu, la cuisine lui a plu ?

Ah non, il n’a pas aimé du tout. Sauf une fois, dans un restaurant populaire de Pyongyang, interdit aux touristes. On a pu quand même y aller et après, il voulait tout le temps y retourner… On était toujours accompagné­s par un type qui jouait le rôle d’ambassadeu­r, une sorte d’antenne locale. Mais dès qu’il voyait une toque en papier dépasser du resto, Gérard savait que c’était une cantine pour étrangers avec une pseudo cuisine à la française, et il refusait d’y rentrer. « Tu m’emmerdes ! » qu’il disait. « Hors de question, je n’irai pas bouffer dans ton truc, je veux aller dans le boui-boui de la dernière fois. » Il faut dire que c’était vraiment très bon, les fameuses nouilles froides y étaient préparées par des grand-mères.

Mais il gardait quand même l’appétit, Gégé ?

Oui, parce que même en Corée du Nord, lorsqu’on passe à table, il veut tout. C’est à dire qu’il commande littéralem­ent toute la carte et plusieurs fois. Il prend le menu, appelle la serveuse et dit : « je veux ça, ça, ça, ça trois fois, non quatre fois ». Et comme il ne supporte pas les intermédia­ires, il mange tout avec les mains !

Vous avez apprécié l’autruche nordcoréen­ne ?

Le problème, c’est qu’ils ne disent pas forcément que c’est de l’autruche. Parfois, ils prétendent même que c’est du boeuf. En fait, je ne sais pas si on trouve beaucoup d’élevages de boeufs en Corée du Nord. Par contre, il y a beaucoup d’élevages d’autruches.

Et vous buviez quoi ?

Rien de très alcoolisé à part de la bière nordcoréen­ne et du Soju, un alcool de riz comme le Saké mais avec de l’amidon de pommes de terre.

C’est épicé comme cuisine ?

On épice si on veut. Comme à la base, il n’y a rien, on rajoute toutes les sauces possibles. Et Gérard, lui, il mélange tout. Il peut passer du dessert à une entrée, mélanger les plats entre eux et goûter tout en même temps. Ce qui était drôle, c’est que la seconde fois où on est retournés dans ce restaurant – comme il n’aime absolument pas attendre – il demandait au chauffeur du minibus de commander à l’avance… « Tu vas prendre quoi toi ? » En fait, il a tellement hâte de goûter qu’il ne supporte pas qu’on puisse prendre du temps pour choisir sur place. Du grand Gérard, quoi !

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