Grands Reportages

CÔTÉ VOLCAN

- TEXTE DOMINIQUE DE LA TOUR PHOTOS HEMIS .FR

Le piton de la Fournaise, le plus fascinant des volcans français et le plus actif dans le monde, s'explore depuis le ciel et jusqu'en plongée, avec au moins une chose à ne pas manquer : la descente dans l'Enclos, le cratère extérieur.

LE PITON DE LA FOURNAISE, LE PLUS FASCINANT DES VOLCANS FRANÇAIS, S'EXPLORE DEPUIS LE CIEL ET JUSQU'EN PLONGÉE DANS L’OCÉAN, AVEC AU MOINS UNE CHOSE À NE PAS MANQUER : LA DESCENTE DANS L'ENCLOS, LE CRATÈRE EXTÉRIEUR.

APRÈS QUATRE ANS DE SOMMEIL, LE PITON DE LA FOURNAISE EST ENTRÉ À NOUVEAU EN ÉRUPTION

Ces belles teintes nocturnes pourraient être un thermomètr­e. Car la lave annonce la couleur ; rouge : 900 degrés, orange : 1100, jaune : 1200. Le piton de la Fournaise est l’un des volcans les plus actifs qui soient. Avec une éruption par an en moyenne, le voir à l'oeuvre est un fantasme à portée de tous. Quand le volcan « marche », l'atterrissa­ge dans l'aube est l'occasion de saisir l'étendue du somptueux désastre. Au loin, gaillardem­ent en route vers l'est, les bras des coulées rappellent la carte du delta du Nil. Le magma qui sourd ici est pauvre en silice - ce verre naturel qui produit l'obsidienne. Cette particular­ité a fait de ces laves les plus fluides du monde, donc les plus malléables et les plus rapides. Au sol, elles glissent comme un croco, à la vitesse d'un homme, plus souvent un homme marchant qu'au pas de gymnastiqu­e, car les pentes du volcan sont modérées : un des éléments qui lui donne sa morphologi­e, de type hawaïen, selon le portrait-robot des volcanolog­ues. En fait, toute l'île n'est qu'un volcan, dont la bouche s'est juste déplacée au caprice des siècles, poussant, gobant, rongeant, croquant la précédente. Pour être plus exact, il y a ici deux volcans, le piton de la Fournaise, toujours vaillant, et le vieux piton des Neiges qui somnole depuis 12 000 ans, avec quelques frissons, satisfait d'avoir offert à La Réunion ses 3 070 m de point culminant. Inutile d'emporter vos raquettes : il est rare qu'on y voie des flocons. C'est leur venue exceptionn­elle en 1735 qui lui aurait valu ce nom, étrange à la latitude de Rio de Janeiro. Avec le temps, les flancs friables ou instables du piton ont subi le strip-tease des pluies. En bien des endroits, ne subsiste que la partie réfractair­e à l'érosion : les poussées magmatique­s, figées à la date de la dernière l'éruption. Ainsi sont nés les fameux cirques, avec leur ton vert lézard et, vus d'hélico, ces airs de lichen qu'on a envie de flairer et manger. La lave ne sort pas spontanéme­nt. Le moteur d'un volcan, ce sont les gaz qui cherchent une issue, 100km sous vos semelles. À cette profondeur, toute la matière qui compose la terre est liquide et sous pression. Elle s'injecte donc dans la moindre fissure, écartant la roche tel un speculum, pour se soulager à la surface. Par la plaie du volcan, ce pus de la terre jaillit par saccade, à 400m de hauteur, sang artériel retombant en paquets compacts - les bombes volcanique­s -, ou en ponces légères saturées de bulles : chuintemen­t plutôt que cataracte d'explosions, bruit de chalumeau plutôt que lapidation­s à la mode de l'Etna. Mais la lave d'ici ne s'exprime pas qu'en torrents pâteux. Elle fait aussi des grattons, scories rugueuses qui portent leur nom à merveille. Moins chaudes, elles progressen­t irrégulièr­ement, tintant à la façon d'un tas de braise en goguette. Chaque épanchemen­t fait le bonheur de certaines espèces, tels ces martinets qui festoient des milliers d'araignées que la chaleur des coulées talonne comme une chasse à courre. Le magma réunionnai­s est encore à l'origine d'une autre curiosité : les « tubes » ou « tunnels ». Un peu l'histoire de la peau

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 ??  ?? Au fond de l'enclos Fouqué : la caldeira principale. Le cratère du Formica Leo a été ainsi nommé parce qu'il a la forme du piège à insectes que la fourmi-lion a l'habitude de construire. Il s'est formé en 1753. Éteint depuis longtemps, il n'a qu'une vingtaine de mètres de haut. © Bertrand Rieger/Hemis.fr
Au fond de l'enclos Fouqué : la caldeira principale. Le cratère du Formica Leo a été ainsi nommé parce qu'il a la forme du piège à insectes que la fourmi-lion a l'habitude de construire. Il s'est formé en 1753. Éteint depuis longtemps, il n'a qu'une vingtaine de mètres de haut. © Bertrand Rieger/Hemis.fr
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