CÔTÉ VOLCAN
Le piton de la Fournaise, le plus fascinant des volcans français et le plus actif dans le monde, s'explore depuis le ciel et jusqu'en plongée, avec au moins une chose à ne pas manquer : la descente dans l'Enclos, le cratère extérieur.
LE PITON DE LA FOURNAISE, LE PLUS FASCINANT DES VOLCANS FRANÇAIS, S'EXPLORE DEPUIS LE CIEL ET JUSQU'EN PLONGÉE DANS L’OCÉAN, AVEC AU MOINS UNE CHOSE À NE PAS MANQUER : LA DESCENTE DANS L'ENCLOS, LE CRATÈRE EXTÉRIEUR.
APRÈS QUATRE ANS DE SOMMEIL, LE PITON DE LA FOURNAISE EST ENTRÉ À NOUVEAU EN ÉRUPTION
Ces belles teintes nocturnes pourraient être un thermomètre. Car la lave annonce la couleur ; rouge : 900 degrés, orange : 1100, jaune : 1200. Le piton de la Fournaise est l’un des volcans les plus actifs qui soient. Avec une éruption par an en moyenne, le voir à l'oeuvre est un fantasme à portée de tous. Quand le volcan « marche », l'atterrissage dans l'aube est l'occasion de saisir l'étendue du somptueux désastre. Au loin, gaillardement en route vers l'est, les bras des coulées rappellent la carte du delta du Nil. Le magma qui sourd ici est pauvre en silice - ce verre naturel qui produit l'obsidienne. Cette particularité a fait de ces laves les plus fluides du monde, donc les plus malléables et les plus rapides. Au sol, elles glissent comme un croco, à la vitesse d'un homme, plus souvent un homme marchant qu'au pas de gymnastique, car les pentes du volcan sont modérées : un des éléments qui lui donne sa morphologie, de type hawaïen, selon le portrait-robot des volcanologues. En fait, toute l'île n'est qu'un volcan, dont la bouche s'est juste déplacée au caprice des siècles, poussant, gobant, rongeant, croquant la précédente. Pour être plus exact, il y a ici deux volcans, le piton de la Fournaise, toujours vaillant, et le vieux piton des Neiges qui somnole depuis 12 000 ans, avec quelques frissons, satisfait d'avoir offert à La Réunion ses 3 070 m de point culminant. Inutile d'emporter vos raquettes : il est rare qu'on y voie des flocons. C'est leur venue exceptionnelle en 1735 qui lui aurait valu ce nom, étrange à la latitude de Rio de Janeiro. Avec le temps, les flancs friables ou instables du piton ont subi le strip-tease des pluies. En bien des endroits, ne subsiste que la partie réfractaire à l'érosion : les poussées magmatiques, figées à la date de la dernière l'éruption. Ainsi sont nés les fameux cirques, avec leur ton vert lézard et, vus d'hélico, ces airs de lichen qu'on a envie de flairer et manger. La lave ne sort pas spontanément. Le moteur d'un volcan, ce sont les gaz qui cherchent une issue, 100km sous vos semelles. À cette profondeur, toute la matière qui compose la terre est liquide et sous pression. Elle s'injecte donc dans la moindre fissure, écartant la roche tel un speculum, pour se soulager à la surface. Par la plaie du volcan, ce pus de la terre jaillit par saccade, à 400m de hauteur, sang artériel retombant en paquets compacts - les bombes volcaniques -, ou en ponces légères saturées de bulles : chuintement plutôt que cataracte d'explosions, bruit de chalumeau plutôt que lapidations à la mode de l'Etna. Mais la lave d'ici ne s'exprime pas qu'en torrents pâteux. Elle fait aussi des grattons, scories rugueuses qui portent leur nom à merveille. Moins chaudes, elles progressent irrégulièrement, tintant à la façon d'un tas de braise en goguette. Chaque épanchement fait le bonheur de certaines espèces, tels ces martinets qui festoient des milliers d'araignées que la chaleur des coulées talonne comme une chasse à courre. Le magma réunionnais est encore à l'origine d'une autre curiosité : les « tubes » ou « tunnels ». Un peu l'histoire de la peau