EN FAMILLE, ENTRE AMIS : LES NÉO-ZÉLANDAIS ONT DEPUIS LONGTEMPS PLÉBISCITÉ LA SPLENDEUR DES GREAT WALKS
Mais surtout à pied. Dans la hiérarchie locale, les Great Walks (les grandes marches) des Fiordlands sont un véritable graal pour les trampers, les randonneurs de Nouvelle-Zélande… Contrairement aux deux autres itinéraires prestigieux de la zone (Milford et Routeburn Track), les 60 kilomètres de la boucle de Kepler track possèdent une signature singulière : ils sont les seuls de toutes les Great Walks à avoir été intégralement pensés et créés dans l’esprit de la randonnée moderne. Tous les autres treks, que ce soit sur l’Île du Nord ou du Sud, ne reprennent presque exclusivement que de très anciens sentiers maoris : l’intelligence du terrain n’a rien à voir avec l’idée de panorama ? À l’inverse des itinéraires ancestraux, protégés des vents et cheminant à l’abri sur les reliefs vers les grands cols et les points de passage d’une vallée à l’autre, le Kepler, dans sa partie centrale, est réputé pour ses longs passages sur des crêtes d’altitude, dominant d’extraordinaires paysages au-dessus du lac de Te Anao, le point d’entrée et de sortie du Kepler. Pour tous les marcheurs, le mode d’emploi y est le même : victimes de leur succès, mais également sous haute surveillance environnementale, tous les itinéraires néo-zélandais sont soumis à un strict numerusclausus : il n’est pas question de s’engager sans les réservations adéquates pour y camper ou passer la nuit dans les trois confortables huts (refuges) qui découpent l’itinéraire. Une fois ce sésame en poche, qu’il faut réserver des mois à l’avance sur Internet en haute saison, l’aventure commence. Trois à quatre jours pour s’enfoncer sur un sentier plus qu’excellent dans d’invraisemblables étagements de nature. Après les forêts verdoyantes, les sous-sols de fougères argentées, les rivières, les grands lacs et des zones humides, la partie centrale de l’itinéraire, entre les refuges d’Iris Burn et Luxmore, s’envole vers l’altitude : l’emprise végétale cède le pas aux prairies alpines. Royaume de vent et de beauté ? À quelque 1 500 mètres d’altitude, les perspectives sur les fjords sud du lac de Te Anao et les chevauchements des crêtes souvent blanches de neige des Hutchinson mountains, avec ou sans kéas, semblent condenser l’immense sauvagerie des Fiordlands. Moins spectaculaire, plus « intime » dans sa progression : plus au nord, le Routeburn Track relie sur 32 kilomètres, le parc du Mont Aspiring à celui de Fiordland, en traversant les Humbolt Moutains. Lac calmes et cascades grondantes. Un bonheur de marcheur ? Pas uniquement : au coeur des Fiordlands, bien avant les prospecteurs ou les marcheurs, le Routeburn fut pendant des siècles un point de passage majeur pour les Maoris. Une route de silence et de majesté vers les gisements isolés des précieuses néphrites de jade, les Punamus, qui a donné son nom à la sauvage l’île du sud…