CABOTAGE, BAIGNADE ET CHASSE SOUS- MARINE RESTENT LES OCCUPATIONS PRINCIPALES EN MER D’ÉMERAUDE
d’eau translucide de quelques centimètres de profondeur, et de loin, l’illusion est totale !
Les heures s’étirent mollement sur l’île Suarez.
Un mirage solaire et contemplatif, se nourrissant de sa propre vacuité. Une escouade de jeunes femmes locales, Sakalava ou Antakarana, le visage peint de motifs floraux blancs ou jaunes, à base d’enduits végétaux ou minéraux, proposent aux visiteurs du jour artisanat, boissons et massages, puis s’en retournent à Ramena avec la demi- douzaine de boutres touristiques. Nous restons seuls, naufragés volontaires. En fin d’après- midi, balade du tour de l’île, via une sente se faufilant entre les épineux, puis sur des pelouses littorales, enfin à travers des coraux coupants comme des rasoirs, entamant mes sandales. Flavien, géant débonnaire et placide, marche pieds nus avec une aisance déconcertante ! À l’extrémité de la pointe est, les récifs dessinent une couronne acérée, potentiellement mortelle en cas de chute, alors que le grondement de la barre de corail toute proche entretient une tension, vaguement inquiétante. Au retour, montage des tentes sous les filaos et baignade, délicieuse. À la nuit tombante, un boutre accoste subrepticement. Seul le plouf de l’ancre jetée à l’eau trahit sa présence. Trois pêcheurs aux trognes boucanées de vieux loups de mer s’installent près du feu, à côté de nous. Une conversation s’ébauche. Seuls les yeux et les dents brillent doucement dans la pénombre. Récits de pêche bien sûr, de coups de vent, de ports et de filles aussi… Nous finissons ensemble les restes du déjeuner, puis je file dans ma tente. Autant le dire tout de suite, la nuit sera difficile, dans la touffeur moite de l’océan Indien, sous les rires et le verbe haut des hommes heureux de se détendre et d’échanger sous les étoiles, avant de repartir en mer. Sans oublier, surtout, les cohortes de rats agressifs ! En milieu de nuit, l’équipage « pirate » repart au large, le silence revient, avec de surcroît une brise marine bienvenue, mais commence alors la sarabande des rongeurs en folie. Ils tournent