DÉMARRÉE IL Y A QUATRE OU CINQ MILLIONS D’ANNÉES, L’ÉROSION DES SÉDIMENTS CALCAIRES SE POURSUIT
barbe blanche. Doris, Rolland, José et Paul, nos porteurs, charrient les bagages et la popote sur des palanches, en travers des épaules. La nuit, on entend le cliquetis des microcèbes dans les arbres, au- dessus de nos tentes.
Nous voici donc à Andrafiabe, ou camp des Américains,
sur la bordure occidentale du Parc. Seuls au monde à des kilomètres, semble- t- il… Cafards et geckos sont légion dans les toits des paillotes abritant les tables. Il faut surveiller régulièrement nos pieds, car les scorpions abondent également, se nourrissant des cadavres de cafards. Leur piqûre, si elle n’est pas mortelle, est néanmoins très douloureuse et invalidante ( fièvres) pendant plusieurs jours, un fléau en brousse. Peu d’antidotes, excepté approcher d’une source de chaleur ( feu, cigarette), ou frotter avec un bec de poule râpé ! Départ pour le « circuit des trois grottes » , un itinéraire ludique entre canyons et cavités secrètes du massif, lieu d’une expédition Cousteau en 1994, avec la découverte du Glossogobius, poisson aveugle des lacs souterrains. La première, Andrafiabe ( le lieu du grand raphia), fait presque un kilomètre de long, au fil d’une succession de galeries immenses, bordées de murs de boue en forme de moraines. Progression à tâtons, de glissades en pataugeoires. Des grappes de petites chauves- souris insectivores pendent aux plafonds. L’itinéraire est complexe, au gré des bifurcations, des salles annexes, des méandres. Sous des draperies, une marmite, témoignage émouvant du séjour ici, dans les années 1820- 1830, d’un roi sakalava et de son peuple, devenus antakarana après leur exil forcé, fuyant l’asservissement des Mérines. Enfin, sortie monumentale débouchant sur un canyon : une coulée verte entre deux titanesques falaises calcaires ! De l’autre côté, une autre grotte, celle de la Cathédrale, permet de poursuivre ce voyage des profondeurs. Les deux porches cyclopéens se font face, chaque paroi griffée par