CHERS AMIS,
Que vous souhaiter, en ce début janvier, si ce n’est (du fond du coeur, vraiment) une très belle et douce année 2017 ! Il faut avouer que les perspectives actuelles ‒ de la chute d’Alep ou des nouvelles menaces sur Palmyre à la prise de fonctions de Donald Trump et de son cabinet de climatosceptiques ‒ ne nous encouragent guère aux fanfaronnades. Pire ! En politique comme en voyage, l’homme a de fâcheuses tendances moutonnières. À l’orée de la prochaine présidentielle française, partout ou presque la « real politik » l’emporte, défendant ici les intérêts de la Grande Russie, là ceux de l’American Way of Life ou du Britain First. Le monde de cette fin 2016 ne voit plus guère son salut que dans la défense de ses intérêts propres, jetant l’opprobre sur ceux qui ‒ de l’ONU à l’Union européenne ‒ n’ont su faire état d’arguments ou de décisions politiques en mesure d’instaurer durablement un monde juste et pacifique, mû par le seul intérêt collectif. L’échec de l’Europe ‒ il faut bien appeler les choses par ce qu’elles sont, fussent-elles temporaires, de l’ONU ou du FMI… est aussi celui d’une certaine économie mondialisée qu’elles ont contribué à établir, et qui a tant profité aux puissants, et si peu aux « sans-dents » qui composent les quatrevingt-dix-neuf pour cent restants de la planète. Le vote populiste de ces années 2010 n’en est que la résultante implacable. Sauf que… qui croit-on punir, si ce n’est… nous-mêmes ? Il m’arrive, par bonheur, d’éteindre la télévision, mon téléphone mobile, et de me couper de ce brouhaha médiatique. À l’ère des smartphones et des messageries instantanées, certainement n’a-t-on jamais autant communiqué. Mais sans doute ne s’est-on jamais aussi peu parlé. C’est fou ce que l’on peut causer, écouter, lorsqu’on arpente le globe, loin de tout. Du gardien de refuge à la ménagère malgache, du berger zanskarpa au pêcheur islandais, tout est prétexte à la discussion, à l’échange, au sourire. Le GPS est un outil formidable ; et davantage encore lorsqu’il tombe en rade et qu’il nous impose de demander notre chemin. Un voyage n’est jamais aussi « réussi » que lorsqu’il crée ce dialogue avec l’autre. Sans doute est-ce là notre fil conducteur, renouvelé à chaque numéro, dès lors que nous nous penchons sur nos sommaires. Trouver les chemins de traverse qui nous mènent à l’essence même d’un lieu, à ses habitants, à ses intimes. Certes, il n’y a pas une manière unique de voyager ; il est tout aussi louable de se lancer sur les grands mythes de l’Ouest américain, pour évoquer le thème à l’honneur de ce numéro, que d’approfondir la découverte sur des secteurs nettement plus confidentiels tels que Grand Staircase Escalante ou la haute Sierra Nevada du Yosemite. À chacun, son propre choix, en conscience, en liberté, avec exigence et lucidité. Tout ce que l’on vous souhaite pour 2017… À commencer par le 23 avril prochain. Très bonne année 2017…