GÉNÉRATION ERASMUS
Erasmus a trente ans. Et dans une Union européenne qui a connu des jours meilleurs, l’incontestable succès de ce programme qui a permis à cinq millions d’Européens (quarante mille Français chaque année) de partir étudier à l’étranger interpelle. Récemment, dans Le Monde, un article évoquait cette « génération qui ambitionne de construire des ponts plutôt que des murs » dans un article intitulé « La génération Erasmus au secours de l’Europe » et force est de constater, lorsqu’on voyage sur notre continent, que le contingent de jeunes voyageurs, au budget souvent inversement proportionnel au degré d’astuce, rivalise largement avec celui de ses aînés. Autres temps, autres moeurs. On constate également que les destinations qui faisaient rêver les uns – le soleil et/ou la culture – ne figurent plus forcément parmi les priorités immédiates des autres. Les jeunes générations ont en effet tendance à fuir les grosses locomotives touristiques, et leurs prix élevés, pour s’enticher de pays moins courus, dans les Balkans ou en Europe de l’Est, notamment. Ces adeptes de BlaBlaCar et des outils collaboratifs instillent en effet dans la dynamique du voyage une nouvelle donne qui, si elle n’a nullement la prétention de phagocyter les précédentes, a au moins le mérite d’élargir le périmètre et de rebattre les cartes de la géographie touristique. Une autre tendance forte se dégage. Celle du retour à certaines valeurs du voyage. Le partage, par exemple, et avec elle la rencontre, les rapports dénués d’intérêts commerciaux, le temps consacré à l’autre, ou à un même lieu. Une certaine idée de la liberté de voyager, également ; à pied, à vélo, en camion aménagé en campingcar, avec des nuits en camping, en auberge de jeunesse, en AirBnB… Le tout avec – et c’est un point commun que partagent tous les voyageurs hexagonaux, tous âges confondus – une préférence marquée pour les lieux confidentiels, à l’écart du tourisme de masse. Sur bien des points (tous ?), nous partageons ces valeurs, et il suffit d’avoir un peu parcouru notre continent – à pied, à cheval, en voiture – pour se convaincre que l’Europe a tant à nous offrir, de ses espaces sauvages aux grands sites culturels, qu’il serait bien dommage de n’en retenir que le prisme aussi déformant que déprimant de l’actualité. Laissez-vous surprendre par les merveilles de notre bonne vieille Europe. L’Europe qu’on aime.