Grands Reportages

GÉNÉRATION ERASMUS

- ANTHONY NICOLAZZI Rédacteur en chef

Erasmus a trente ans. Et dans une Union européenne qui a connu des jours meilleurs, l’incontesta­ble succès de ce programme qui a permis à cinq millions d’Européens (quarante mille Français chaque année) de partir étudier à l’étranger interpelle. Récemment, dans Le Monde, un article évoquait cette « génération qui ambitionne de construire des ponts plutôt que des murs » dans un article intitulé « La génération Erasmus au secours de l’Europe » et force est de constater, lorsqu’on voyage sur notre continent, que le contingent de jeunes voyageurs, au budget souvent inversemen­t proportion­nel au degré d’astuce, rivalise largement avec celui de ses aînés. Autres temps, autres moeurs. On constate également que les destinatio­ns qui faisaient rêver les uns – le soleil et/ou la culture – ne figurent plus forcément parmi les priorités immédiates des autres. Les jeunes génération­s ont en effet tendance à fuir les grosses locomotive­s touristiqu­es, et leurs prix élevés, pour s’enticher de pays moins courus, dans les Balkans ou en Europe de l’Est, notamment. Ces adeptes de BlaBlaCar et des outils collaborat­ifs instillent en effet dans la dynamique du voyage une nouvelle donne qui, si elle n’a nullement la prétention de phagocyter les précédente­s, a au moins le mérite d’élargir le périmètre et de rebattre les cartes de la géographie touristiqu­e. Une autre tendance forte se dégage. Celle du retour à certaines valeurs du voyage. Le partage, par exemple, et avec elle la rencontre, les rapports dénués d’intérêts commerciau­x, le temps consacré à l’autre, ou à un même lieu. Une certaine idée de la liberté de voyager, également ; à pied, à vélo, en camion aménagé en campingcar, avec des nuits en camping, en auberge de jeunesse, en AirBnB… Le tout avec – et c’est un point commun que partagent tous les voyageurs hexagonaux, tous âges confondus – une préférence marquée pour les lieux confidenti­els, à l’écart du tourisme de masse. Sur bien des points (tous ?), nous partageons ces valeurs, et il suffit d’avoir un peu parcouru notre continent – à pied, à cheval, en voiture – pour se convaincre que l’Europe a tant à nous offrir, de ses espaces sauvages aux grands sites culturels, qu’il serait bien dommage de n’en retenir que le prisme aussi déformant que déprimant de l’actualité. Laissez-vous surprendre par les merveilles de notre bonne vieille Europe. L’Europe qu’on aime.

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