CE QU’ON EN PENSE
Comment appréhender la complexité et l’histoire d’un pays comme l’Iran ? Après de multiples séjours étalés sur une dizaine d’années, Élodie Bernard parle, dès sa première arrivée en 2005, d’un « décalage entre ce qu’on lit dans les médias en Occident et ce que je vis ici même ». Elle qui pensait « pactiser avec le diable » découvre finalement « un pays presque étonnamment banal ». Baroudeuse dans l’âme, elle nous prouve qu’être une Française au milieu d’un maillage de coutumes et de restrictions n’est pas un obstacle au voyage. À l’aube des années Ahmadinejad, Élodie Bernard partage pour quelques mois la vie d’une famille iranienne de classe moyenne. Elle découvre la bienveillance de ses hôtes autant que le traditionalisme qui régit la société : « les femmes n’ont pas le droit d’entrer dans les stades ». Au fil des pages, un constat : il y a plusieurs Iran imbriqués en un seul pays : celui des médias, celui de la propagande, celui de foyer, celui du dehors… « J’ai voulu fuir un monde et j’en ai pris un autre de plein fouet », note l’auteure. Dans une région aux enjeux géopolitique mondiaux, la société s’incline ou survit aux aléas du régime. Élodie Bernard retournera à Téhéran, mais aussi dans les pays frontaliers, comme l’Irak et le Kurdistan, où règnent des guerres sans fin. De la révolution verte à l’euphorie des accords de 2015 sur le nucléaire, elle témoigne avec brio de l’élan d’espoir sans précédent qui emporte la jeunesse. À la faveur des années, l’Iran se dévoile. En juin prochain se tiendront les présidentielles. Un nouveau chapitre ?