OBJECTIF JEUX OLYMPIQUES 2024 !
Si le titre de cet édito n’est pas sans rappeler un célèbre album de Tintin, c’est que d’après notre enquête (p 24) sur la nouvelle candidature de l’escalade aux J.O., l’objectif reste tout aussi lunaire. Non pas parce que nous sommes un petit sport sans prétention et sans moyen, mais parce que comme le rappelle Sam Challéat (p 26), l’escalade s’est bâtie dans une opposition constante. En effet, l’escalade a dû difficilement s’émanciper de l’alpinisme en revendiquant ses valeurs propres. Il fallait donc être grimpeur ou alpiniste. Ensuite nous avons eu droit au clivage falaisistes ou compétiteurs avec le fameux manifeste des 19 et de tout temps pour être licencié, il faut choisir son camp : FFME ou FFCAM. Que les fédérations délégataires de notre sport aspirent à l’olympisme est tout à fait légitime de leur part. Mais pour ça, il faudrait peut-être commencer par s’ouvrir (un peu) l’esprit. Car malheureusement aujourd’hui encore, il faut mettre l’escalade dans des cases. Pour exemple, lors d’une discussion fort sympathique avec une vice-présidente de la FFME, elle qualifiait le magazine que vous êtes en train de lire comme un magazine destiné, je cite, “aux rebelles de l’escalade“. Tout ça j’imagine parce que nous ne reprenons pas les communiqués de presse de la FFME comme parole d’évangile. Heureusement alors que nous ne sortons pas les gros dossiers ! Si d’un point de vue personnel, ce sectarisme me fait rire, en revanche il me fait peur par rapport au formidable outil de médiatisation, qui toujours d’après notre enquête fait cruellement défaut à l’escalade dans la course à l’olympisme. Cet outil s’appelle Psykobloc et j’ai peur qu’une fois de plus les instances fédérales mettent cette pratique à la marge, car en opposition avec les pratiques plus conventionnelles, tout simplement parce que le Psykobloc ne rentre pas dans la case compétition, c’est du cirque… C’est pour les rebelles ! Peut-être, mais aujourd’hui, c’est la seule porte d’entrée à la médiatisation de l’escalade. Alors que l’escalade ne soit pas médiatisée, personnellement je m’en fous royalement en revanche que les responsables en charge du dossier olympique et les fédérations délégataires à la promotion de l’escalade ne prennent pas au sérieux cette piste pour médiatiser notre sport me paraîtrait… normal. Hé oui, entre les trois petits points, j’ai lu le communiqué de presse de la FFME et comme je ne veux pas être un rebelle toute ma vie ! C’est donc l’heure de la rédemption. En lisant attentivement le billet d’humeur de Jérôme Meyer (p 11) qui parle justement de Psykobloc mais qu’en gros, il n’y a pas que ça dans la vie, il y a surtout les Jeux Olympiques Jeunes qui se déroulaient en Chine avec l’escalade en représentation, je suis allé voir ce qui se faisait dans d’autres fédérations françaises présentes aux JOJ. Le rugby notamment qui a gagné le titre de je ne sais pas trop quoi d’ailleurs à ces fameux JOJ mais qui en parallèle était présent sur toutes les plages de France avec le Beach rugby tour. Au même titre que le hand-ball avec plus de vingt dates sur toutes les plages de France. Pas con d’aller là où sont les gens l’été pour promouvoir son sport. Sauf que le seul finalement qui aurait une certaine légitimité à se retrouver sur la plage, c’est l’escalade grâce à l’activité psykobloc. Parce qu’allez essayer de faire rebondir un ballon de hand dans du sable… Et pourtant le FFHB le fait, malgré toutes ses breloques en or récoltées par ses équipes nationales aux Jeux Olympiques, les vraies ! Pour espérer devenir olympique, il y a donc peut-être autre chose à faire que de tout miser sur le streaming des coupes du monde d’escalade ou de changer tous les quatre ans de cravate à Bercy, lors des championnats du monde… Il y a vingt ans déjà Patrick Edlinger envisageait d’organiser une compétition « au-dessus de l’eau » à Cassis. Aujourd’hui, Chris Sharma est partie prenante de toutes les compétitions de Psykobloc. Peut-être qu’il ne serait pas tout à fait bête de s’inspirer des deux grimpeurs qui ont le plus compté dans l’évolution de notre sport, même s’ils n’ont pas ou pas eu de licence…