DU VIEUX AVEC DU NEUF…
D’habitude, on dit du « neuf avec du vieux », mais mon titre est volontairement remanié. Le neuf ici c’est le Psychobloc et surtout le Psicocomp, un évènement dont la deuxième édition s’est déroulée début août aux USA. Vous y auriez trouvé un mur d’escalade bien placé au-dessus d’une piscine où les grimpeurs finissent en cas de chute dans la voie de compétition. Il s’agit de la version compétition et artificielle de la pratique du Deep Water Soloing, ou Psychobloc, médiatisée notamment par Chris sur les falaises de Majorque. Comme d’habitude quand une nouvelle pratique émerge dans l’escalade, on dépoussière les vieux débats, on vampirise la nouveauté au profit d’un sempiternel débat sur l’avenir du format de compétition. Les extrémistes de l’escalade-anti-conformiste, souvent associés aux initiatives individuelles, annoncent le messie car enfin « c’est le futur de l’escalade ». Les pro-compétitions-classique, tenant en haute considération les valeurs sportives et olympiques, critiquent le « cirque » et annoncent surtout leur future… disparition. Le problème, c’est que ces annonces sont souvent faites à l’emporte-pièce, sur la base d’une analyse rapide, voire pire, sur la base du seul témoignage et ou de l’engagement d’un grimpeur connu. Ici Chris Sharma. Même si vous me disiez que c’est aussi à cela qu’ils servent… Pour la petite histoire, ce même mois d’août aura vu le premier évènement de l’escalade dans des Jeux Olympiques. L’escalade, ainsi que trois autres sports (skateboard, wushu, roller), ont été présents durant toute la durée des Jeux Olympiques Jeunes (JOJ) se déroulant à Nakin (Chine) et ceci dans le cadre du « Sport Lab ». Comme son nom l’indique, ce Sport Lab avait pour objectif de tester des nouveaux sports dans le cadre olympique et ainsi créer éventuellement les bases d’une participation plus régulière aux Jeux. Août aura donné à chaque camp son évènement, à chaque camp une illustration du futur souhaité. Mais comme d’habitude dans mes chroniques, la – ma – vérité est ailleurs. En fait, les deux évènements répondent chacun dans le cadre de leur communauté, à une préoccupation de rendre le sport plus présentable, plus excitant, plus attractif. Le Psychobloc sert le désir de renouveau des grimpeurs qui trouvent les compétitions existantes ennuyeuses. Avec des règles réduites, donc peu de contraintes et une certaine dose d’engagement, on se rapproche de la pratique en rocher. Les JOJ donnent au CIO la possibilité de se rapprocher d’une audience plus jeune et la présence de l’escalade, et du skateboard notamment, leur donnent des atouts supplémentaires que n’ont plus d’autres sports. Pour les fédérations (l’IFSC en tête), c’est une superbe vitrine. Mon sentiment est que ces deux types d’évènements cohabiteront dans le futur, qu’ils seront complémentaires et – celui-ci est un souhait – qu’ils seront gérés par tous les grimpeurs ensemble, et non pas une communauté divisée avec les fédérations d’un côté et des grimpeurs aidés des entreprises de l’autre. La raison pour laquelle ces évènements doivent cohabiter est simple, chacun des modèles ne peut pas contenir toutes les composantes et valeurs de notre sport. Ainsi les Psicocomps en grossissant devront choisir entre une équité sportive accompagnée de règles compliquées, peu flexibles, et le show rendu possible par un format libre. De même que l’escalade au Jeux Olympiques ne pourra représenter la pratique typée freestyle / freeride que nous faisons tous en rocher ou en salle. Bref, il nous faudra un peu de tout et ce sera tant mieux, les fédérations comme les autres doivent le comprendre.