L’ESCALADE, UN SPORT COMME LES AUTRES DANS LA COURSE AUX JEUX ?
Comme le terme « sport » est devenu pansémique (il peut aujourd’hui tout – et donc rien ! – vouloir dire : les habits peuvent être « sportswear », le design d’une voiture citadine peut être « sport », etc.), il ne suffit plus de dire que l’escalade est devenue un sport pour comprendre ses évolutions et leurs ressorts. Nous pouvons rappeler la définition du sport donnée par Pierre Parlebas dans son Lexique commenté en science de l’action motrice, pour qui il s’agit de « l’ensemble des situations motrices codifiées sous forme de compétition et institutionnalisées », mais il apparaît plus intéressant de se pencher sur les processus de transformation qui font d’une pratique – un jeu par exemple – un sport. Le terme « sportivisation » (ou « sportification » si l’on souhaite faire l’anglicisme) est alors régulièrement employé, notamment en sociologie du sport, pour conceptualiser ces évolutions vers une conformation du jeu corporel à des règles sportives et à une mise en compétition par l’intermédiaire d’institutions qui en sont garantes, le tout dans des espaces dédiés (terrains, stades, structures artificielles d’escalade, etc.). L’application d’une approche constructiviste à cette grille de lecture est particulièrement pertinente : quelle que soit la discipline sportive, la mise en compétition ne se fait pas en un jour, et les règles du jeu ou encore les fédérations sportives sont bien des construits humains. En ce qui concerne les mutations des pratiques dans l’escalade depuis les années 1970, cette approche est également riche d’enseignements, notamment du point de vue institutionnel et dans la lecture des clivages et des tensions qui peuvent exister entre les différents types de pratiques de l’escalade (falaise, terrain d’aventure, bloc, indoor, etc.). Enfin, au moment où la compétition en escalade cherche à prendre la voie de l’olympisme, cette lecture est l’occasion d’effectuer un parallèle entre ces évolutions et les valeurs et exigences des Jeux, avec en arrière-plan plusieurs questions. L’escalade, historiquement activité de pleine nature, essentielle et éthique, peut-elle s’accommoder des carcans du sport ? Plus simplement, l’escalade s’est-elle construite suivant les mêmes schémas que ceux observés dans les autres sports ? Et dans l’affirmative, l’olympisme (avec ses dérives, observées dans nombre