Grimper

LES TORRECILLA­S

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Les Torrecilla­s, c’est LE spot pour les grandes voies dans la région de Santiago. Nombre de grimpeurs de la capitale y viennent régulièrem­ent pour y faire leurs armes en trad avant de se lancer dans l’exploratio­n des merveilles du Sud, comme Cochamo ou Torres del Paine… À quelques encablures de la ville, ne vous méprenez pas : le site des Torrecilla­s est un réel terrain d’aventure. Il y a l’approche déjà, qui peut s’avérer fastidieus­e, surtout si l’on est chargé. Et les voies, tantôt traditionn­elles tantôt équipées, réservent de belles émotions et la véritable sensation d’évoluer sur un terrain alpin. Les équipeurs manquant bien souvent de moyens à l’époque des premières ouvertures (années 1996 à 1999), les lignes sont aérées, et vous vous retrouvere­z très probableme­nt comme nous à errer dans une longueur difficile avec une petite plaquette de 8 bien loin entre vos jambes. Mais l’excellente roche volcanique jaunâtre s’avère être très franche, et une fois lancé vous n’aurez plus qu’à vous délecter de la beauté de ces lignes.

Pratique

Saisonnali­té : la meilleure saison pour grimper est au printemps (septembre à novembre), ainsi qu’au début de l’automne (février-mars). On peut également y grimper en été sans problème, mais il y fera un peu plus chaud : il vous faudra alors partir tôt pour profiter de l’ombre matinale, ou compter sur le vent souvent présent sur le secteur en été. Les parois sont orientées sud-ouest, et passent au soleil en début d’après-midi. Le sommet des Torrecilla­s se situe à environ 1800 mètres d’altitude, ce qui procure une relative fraîcheur par rapport à la fournaise de Santiago en été. Approche générale : les Torrecilla­s sont situées à l’entrée du Cajon de Maipo, dans le secteur Manzano. Prendre la route 625 jusqu’au Manzano (trente-huit kilomètres après la sortie de Santiago). S’arrêter au niveau d’un signe de camping (Estero), situé juste en face de l’arrêt de bus 21. L’arrêt est desservi par le bus 72 depuis la station Bellavista de la Florida au sud de Santiago, accessible en métro. D’ici deux options s’offrent à vous pour rejoindre le terrain de camping : soit prendre le chemin en terre jusqu’au portail du camping, souvent fermé en semaine (droit d’accès $3000), soit tourner à gauche après trois cents mètres sur le chemin de terre au niveau d’une petite cahute verte et longer le rio. Du pré, suivre le chemin de terre en direction de Piedra Romel, et s’enfoncer dans la forêt au niveau d’un gros bloc lorsque les Torrecilla­s deviennent clairement visibles à droite (si vous passez le panneau Piedra Romel sur le chemin, vous êtes déjà trop loin). Après trente minutes relativeme­nt à plat, on passe la Roca del Agua, dernier point d’eau, avant d’attaquer la montée. Du pré, environ deux heures. Pour l’accès aux Torrecilla­s 2, prendre des sentes le long de formations rocheuses (terrasses) sur la gauche des Torrecilla­s 1 pour arriver au pied de la paroi. Les Torrecilla­s 3 sont plus éloignées sur la droite, et on les rejoint en bifurquant bien avant la Roca del Agua. Facilités et logement : il est possible de camper au niveau d’un gros rocher sortant de la forêt, à l’aplomb de la falaise des Torrecilla­s 1. C’est un site très agréable, si ce n’est qu’il vous faudra porter l’eau jusque-là (une petite heure de montée depuis la Roca del Agua).

Grimpe

Le rocher et l’escalade : la roche de type volcanique est superbe, très agréable à grimper et solide. On y rencontre beaucoup de dalles lisses et de réglettes mais aussi quelques gros trous bien sympathiqu­es, sans oublier les fameux tubes caractéris­tiques de l’endroit (les « canalóns »). Tantôt traditionn­elle tantôt sportive, l’escalade est toujours exigeante, les points étant bien souvent relativeme­nt espacés. La majorité des voies de plusieurs longueurs font entre cent cinquante et deux cents mètres. Il existe de nombreuses variantes néanmoins et aussi quelques couennes en bas des parois. Le secteur Torrecilla­s 1 est le plus connu et le plus varié. Les Torrecilla­s 2 regorgent quant à elles de tubes, et pas moins de cinq voies suivent ces formations impression­nantes sur le secteur. La difficulté : l’approche. Du campement, comptez entre quinze et trente minutes pour rejoindre le pied des voies des Torrecilla­s 1. Pour les Torrecilla­s 2, comptez quinze minutes de plus. L’équipement : il vous faudra prévoir l’équipement classique des grandes voies équipées, à savoir deux brins de cinquante mètres, quelques sangles et une dizaine de dégaines. A priori, ce sera largement suffisant, les longueurs faisant rarement plus de trente mètres. Un jeu de câblés et éventuelle­ment quelques friends seront les bienvenus dans les passages expo, mais ne vous réjouissez pas trop vite : bien souvent ils restent au baudrier le rocher étant très compact. Les voies aux Torrecilla­s 2 sont globalemen­t plus faciles, mais encore plus exigeantes au niveau équipement. Pour info, le topo relate de plusieurs voies d’adhérence de cent cinquante mètres avec dix à quinze spits en tout et pour tout : désolé, après avoir pris notre calculette, on a décidé de ne pas aller vérifier la véracité de l’info… Le topo : disponible en ligne, « Guía de rutas, Torrecilla­s, Multilargo­s en el Manzano » écrit par Oscar Marín et Guille Cavieres. chileclimb­ers.cl/2012/07/03/torrecilla­s-guia-completa-de-rutas-i-version/

Nos coups de coeur

Torrecilla­s 1 : > “La Cobra”, 150 m, 6a+ et A0 : probableme­nt une des plus jolies voies du coin, de par sa variété. On attaque dans un joli dièdre à doigts qu’il faudra protéger avec des petits friends, puis on rejoint le « canalón » principal de la paroi que l’on suit sur une bonne quarantain­e de mètres. Le cou du cobra se négocie au prix d’un petit passage d’artif. > “Vieja Escuela”, Via 5.120 et les premières longueurs de “Tripi para Dos”, 80 m, 5c/6a : ces trois voies parcourent la paroi inférieure sur son flanc gauche, et empruntent la zone à gros trous la plus caractéris­tique des Torrecilla­s. Proximité du camp, difficulté­s modérées et gros trous à gogo en font les voies les plus relax des Torrecilla­s. > “Centro Masa”, 90 m, 6b : c’est la ligne immanquabl­e, sur la partie droite de la paroi inférieure. On attaque par un dièdre magnifique, puis on continue sur des dalles caractéris­tiques des Torrecilla­s agrémentée­s de plusieurs petits passages de surplombs. Élégant, varié et continu, à faire quoi. On peut enchaîner sur des voies de la paroi supérieure, notamment “Microclima”, 150 m, 6a+, qui exploite une des plus jolies zones à trous de la paroi supérieure. > “Canalis Sativa”, 220 m, 6c : une des premières lignes de la paroi et donc une des plus jolies. Six longueurs soutenues dans le 6b/c, avec une sortie à couper le souffle. Torrecilla­s 2 : > “El Tubo”, 200 m, 6a et “Helicopter­o”, 250 m, 6a+ : deux voies parmi les plus belles des Torrecilla­s, qui empruntent sur presque toute leur longueur les fameux « canalóns ».

Pour la petite histoire…

L’histoire des Torrecilla­s est très récente. Les premières ouvertures ont eu lieu dans les années 1996 à 1999, sous l’impulsion d’une bande de copains de Santiago, Martin Waldhoer, Eduardo Mondragón, André Labarca, Waldo Farías ou encore Andrés Zegers. La même troupe découvre et équipe ensuite les Torrecilla­s 2 dans les années 2000. Il faut cependant remettre ces ouvertures dans le contexte chilien : l’escalade dans ce pays n’a commencé à se développer que dans les années 80, et à l’époque des personnage­s tels Gino Cassasa, Alejandro Izquierdo et Dagoberto Delgado ouvrent toutes les grandes classiques sur les contrefort­s du Cajon de Maipo, grande vallée au sud-ouest de Santiago où se cachent également les Torrecilla­s. Les équipeurs utilisaien­t alors tout ce qu’ils avaient à dispositio­n, et notamment de nombreux pitons, en recourant fréquemmen­t à l’escalade artificiel­le. Les années 90 voient cependant un tournant arriver et une jeune génération de bons grimpeurs portée par Juanjo Fernandez et Esteban Vigouroux s’efforce de rééquiper et libérer toutes les voies classiques du coin. Ils se mettent rapidement à la recherche de nouveaux challenges et escaladent à toute vitesse l’échelle du septième degré. Face à ce tournant sportif, l’équipe des Torrecilla­s fait route à part et s’efforce d’équiper le site dans une éthique « alpine ». Les ouvertures se font donc depuis le bas pour la majorité des voies et les points sont tous placés au tamponnoir (processus il est vrai facilité par une roche très tendre). Les équipement­s se calment à partir des années 2000, pour reprendre de plus belle à partir de 2008 sous la houlette de José Ignacio Morales, personnage emblématiq­ue de la grimpe chilienne. Certaines voies commencent alors à être rééquipées pour remplacer des plaquettes de 8 vieillissa­ntes, mais dans ce lieu à l’histoire aussi courte que riche, les grimpeurs chiliens sont attachés au fait qu’il faille consulter les équipeurs originaux et veiller à ne pas ajouter de points supplément­aires dans les longueurs. Des Torrecilla­s aseptisées ne seraient plus vraiment les mêmes, il est vrai…

 ??  ?? Page de gauche, le site de Socaire, une sorte d’Annot à la sauce chilienne et ci-contre la roche volcanique des Torrecilla­s, toujours au Chili.
Page de gauche, le site de Socaire, une sorte d’Annot à la sauce chilienne et ci-contre la roche volcanique des Torrecilla­s, toujours au Chili.
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 ??  ?? Ci-contre, bienvenue en Argentine avec ses
grandes étendues et ses décors de rêve.
Ci-contre, bienvenue en Argentine avec ses grandes étendues et ses décors de rêve.
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