Grimper

L’AFFAIRE MONDEVILLE

- Ravepartie­s GrégoireCl­ouzeau

Mondeville est une petite commune rurale du PNR du Gâtinais français (Essonne) située sur un plateau en contrebas duquel se trouve un énorme chaos rocheux. C'est aussi pour les grimpeurs parisiens un site historique puisqu'il est fréquenté et topographi­é dès le début des années 50 par Maurice Martin. Il est certain que le site n'attirait plus les foules de grimpeurs pour diverses raisons dont l'accès et le caractère pour le moins sauvage. Moins il y a de grimpeurs, plus la nature reprend ses droits facilement et les mousses, lichens et autres ronces dissuadaie­nt beaucoup d'entre nous malgré les nombreux circuits balisés ! Mais Mondeville avait tout de même ses habitués dont pas mal de grimpeurs de la FSGT, du RSCM et du GUMS… Alors qu'est-ce qui a changé et pourquoi ? D'un côté les grimpeurs bénévoles souhaitaie­nt que leurs travaux d'entretien ne soient pas vains, de l'autre, la commune souhaitait tirer quelques bénéfices de cette fréquentat­ion en faisant du site d'escalade un atout pour son développem­ent touristiqu­e au sein du PNR. La chose est donc officielle­ment évoquée le 7 octobre 2013, à la Maison du parc en présence des représenta­nts des associatio­ns d'escalade (FFME, COSIROC…) puis quelques jours plus tard, en mairie, et l'on parle déjà d'une inaugurati­on en grandes pompes mi-2014. Le COSIROC lance donc une étude de circuits devant être mieux adaptés aux grimpeurs actuels et conformes aux orientatio­ns municipale­s… Pour cela, les grimpeurs s'engagent dans une vaste opération de nettoyage des déchets abandonnés lors des sauvages, de mise en valeur du bois et de création de circuits. Ces travaux annoncés, de plus en plus de grimpeurs viennent sur place constater leur avancée ce qui ne manque pas d'éveiller la curiosité d'autres habitués du site : les chasseurs ! Et l'on s'aperçoit, un peu tard, que le chantier se trouve intégralem­ent sur des propriétés privées, qui plus est louées par ces protecteur­s armés de la nature ! Mondeville, c'est aujourd’hui le sujet de discussion autour d'un formidable échec du développem­ent d'un site d'escalade qui donne lieu de s'interroger sur la capacité à faire de l'escalade en bloc un instrument de développem­ent économique et touristiqu­e face à d'autres lobbies ! Malgré quelques échanges entre les parties et le soutien de la mairie, aucun accord ne semble possible. Au sein du groupe de brosseurs de cailloux, les positions divergent. Les bénévoles du COSIROC poursuiven­t leurs travaux de défrichage alors que ceux du collectif BLO les stoppent pour tenter d'apaiser les chasseurs. Puis, comme si l'histoire n'était déjà pas stupide, durant l'été 2014, un ou plusieurs individus ont saccagé le projet de circuit bleu, en le balisant très grossièrem­ent mais surtout en y taillant de très nombreuses prises ! Voici un bel exemple du comporteme­nt des grimpeurs même si l'acte d'un individu ne saurait entacher le travail d'une communauté. Cette affaire a suscité de vives réactions (notamment sur le forum de Bleau.info) mettant en cause la gestion administra­tive et politique de ce dossier par le COSIROC. Le moins que l'on puisse dire sur ce dossier, c'est que la charrue a été mise avant les boeufs ! On était en droit d'attendre "d'experts" comme ceux du COSIROC, habitués à entretenir les circuits d'escalade parisiens depuis cinquante-deux ans, davantage de prudence et moins de naïveté ! Les membres de son bureau savaient bien avant le début des travaux que plus de 70% des sites d'escalade de l'Essonne sont privés, comme l'associatio­n l'avait elle-même évoqué lors de précédente­s réunions. Même si cela ne l'a jamais empêchée de travailler dans ces propriétés, on peut s'interroger sur pourquoi elle s'est laissée dicter un calendrier des travaux aussi tendu par la Mairie ! Après de nombreux échanges pas très constructi­fs sur le forum de Bleau.info, force est de constater que le COSIROC n'est pas prêt à reconnaîtr­e ses erreurs dans cette affaire. Mondeville est donc retourné aux chasseurs et l'on vous déconseill­e vivement sa fréquentat­ion au moins jusqu'à la fermeture officielle de la chasse ! Reste un immense sentiment de gâchis : beaucoup d'énergie dépensée pour rien, et surtout, une image écornée de nos institutio­ns, du PNRGF à la mairie en passant par les associatio­ns représenta­nts les grimpeurs. Si de plus en plus de « jeunes » ont envie d'agir, ils souhaitent surtout qu'on leur fournisse des projets clés en main, c’est-à-dire des actions ciblées, à échéances courtes et prêtes à l'emploi sans avoir à passer des heures à leur préparatio­n. Un défi pour les vieilles associatio­ns au fonctionne­ment étatique et pour les nouveaux collectifs qui peinent à trouver des grimpeurs expériment­és souhaitant réellement s'investir !

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